Ce changement par rapport à la "position historique" de neutralité de l'Espagne "revient de facto à appuyer la voie proposée par le Maroc en abandonnant la base d'une solution politique mutuellement acceptable" par Rabat et les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutient le texte adopté par les députés. Ce vote est un revers pour M. Sanchez, totalement isolé au Parlement sur ce dossier. Il intervient le jour de sa visite à Rabat où il doit rencontrer le roi du Maroc Mohammed VI pour marquer la réconciliation entre les deux pays. Le conflit dans l'ex-colonie espagnole du Sahara occidental, vaste territoire désertique riche en phosphates et aux eaux très poissonneuses, oppose depuis des décennies le Maroc au Front Polisario. Rabat, qui contrôle près de 80% de ce territoire, propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté tandis que le Polisario réclame un référendum d'autodétermination. Abandonnant sa tradition de neutralité, Madrid a annoncé le 18 mars son soutien au plan d'autonomie pour le Sahara, désormais considéré comme "la base la plus sérieuse, réaliste et crédible" pour résoudre ce conflit. Un geste attendu par Rabat pour mettre fin à une crise de près d'un an avec Madrid et salué comme une victoire diplomatique "historique" au Maroc, mais vivement critiqué en Espagne. La résolution du Parlement accuse ainsi "une partie du gouvernement", en référence aux socialistes, d'avoir "modifié unilatéralement sa position" sur le Sahara "en contradiction avec les résolutions de l'Onu et du droit international", sans en débattre avec les députés. Le texte, initié notamment par Podemos, parti de gauche radicale allié de M. Sanchez au sein du gouvernement, mais adopté grâce aux voix de 168 députés de gauche comme de droite, affirme donc que "la Chambre des députés ratifie son soutien aux résolutions de l'Onu et à la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso)". Avant de souligner que "seul le dialogue, la négociation et un accord obtenu de bonne foi et de manière constructive, conforme au droit international, aideront à parvenir à une solution politique juste, réaliste, viable, durable et acceptable par les deux parties, au conflit politique dans le Sahara occidental". 118 députés, provenant uniquement du Parti socialiste, ont voté contre ce texte tandis que 61 députés du centre et d'extrême droite se sont abstenus. "Ce qu'a fait le gouvernement est inadmissible à tous les points de vue, sur le fond comme sur la forme", a dénoncé le nouveau chef du Parti Populaire (PP, droite), Alberto Núñez Feijóo, après avoir été reçu par M. Sanchez pour la première fois depuis sa désignation samedi à la tête de la principale formation de l'opposition. "Il a brisé 40 ans de consensus", il "ne peut pas modifier unilatéralement la politique historique de l'Espagne" sur le Sahara, a-t-il ajouté, devant la presse.
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