Le dialogue national visait à apaiser le climat politique très tendu depuis la réélection controversée en 2019 du président Azali Assoumani. Cet objectif a-t-il été atteint selon vous ?
Effectivement ; le dialogue national a pris fin le 22 mars et maintenant le gouvernement s’emploie à mettre en forme les textes pour les transmettre à l’Assemblée nationale. Pour que les élus de la nation puissent se prononcer, nous l’espérons positivement par rapport aux conclusions qui ont été tirées.
Quelles ont été justement les principales recommandations qui ont donné lieu à des projets de loi présentés aux députés ?
D'abord, on a dépoussiéré les lois existantes. Les participants, partis politiques, société civile, associations ont examiné à la loupe les différentes lois et ont pu sortir les éléments qui prêtaient à confusion ou à des polémiques inutiles. On a revu les textes législatifs.
Portant sur quoi précisément ?
Sur le code électoral. Il y a des éléments nouveaux qui ont été introduits. La loi sur les partis politiques, ce sont des décrets liés à ces deux principales lois. C’est surtout ça, parce que l'objectif principal c’est d’avoir des élections apaisées. Il fallait agir à la fois sur la structure des partis politiques mais aussi sur la loi organisant les élections. Et là apparemment, d'après les résultats sortis des débats et des discussions parfois acerbes, on s’est mis d’accord sur des élections apaisées en 2024.
A la présidentielle de 2024, le président Azali Assoumani sera-t-il candidat ?
De toute façon, conformément à la constitution, la tournante tourne deux fois. Il aura le choix, et ce sera à la grande Comores de lui laisser la possibilité d'être candidat. En tout cas, c’est un porteur de projet, l’émergence des Comores d’ici à 2030, il est apprécié par les comoriens. Ce n’est pas un secret si je vous disais qu’il sera probablement candidat.
Malgré la contestation qui a entouré sa réélection en 2019 ?
Vous savez bien que les contestations sont devenues la norme sur le plan mondial dès la proclamation des résultats des élections. Ce n’est pas propre aux Comores, même pas propre à l’Afrique. On l’a vu avec les États-Unis très récemment. Contester les élections, c’est devenu la norme.
Vous semblez être satisfait du déroulement et des conclusions de ce dialogue boycotté par trois grandes formations politiques qui le qualifiaient de « faux dialogue » en disant que rien n’en sortirait.
Je peux vous rassurer que ce dialogue s’est ouvert en présence de toute la communauté internationale. Les comoriens y étaient, ceux qui voulaient y participer sont venus. Nous regrettons certes le fait que certains comoriens qui émargent dans des partis politiques n’y aient pas participé. Mais dire que de grands partis n’y ont pas été, c’est à partir de quel critère, de quelles élections ?
Il y a quand même le COMRED qui est un regroupement de différents partis et mouvements d'opposition …
Le COMRED est déjà très nouveau. Demandez à des comoriens en France ou ici au pays ce que c’est que le Comred. C’est un regroupement naissant et ça n’a pas encore une réalité politique aux Comores. Il ne faut pas aussi qu’on vous donne des informations qui ne collent pas avec a réalité du pays.
Et que dites-vous du parti Juwa de l’ex-président Abdallah Sambi qui a également boycotté ce dialogue ?
Le « Juwa » est un parti qui n’a pas jugé nécessaire de participer au dialogue. Mais cela n’arrive pas qu’aux Comores, ça arrive aussi ailleurs. De toutes façons, rien ne dit que ce parti ne participera pas aux prochaines élections et qu’il ne bénéficiera pas des dispositions qui ont été prises lors du dialogue national.
Que dites-vous à ceux et celles des comoriens qui doutent de la volonté du gouvernement comorien à mettre en œuvre les résolutions prises lors de ce dialogue ? Le parti Juwa dit par exemple que ‘’la réalité c'est qu’Azali, une fois qu'il vous aura eu, ne tiendra pas parole’’.
On parle ici des lois. Depuis la semaine dernière, l'assemblée vient de rouvrir ses portes. Ce sera le cas aussi en octobre. Je peux vous assurer que toutes les propositions de lois qui vont devenir des projets de loi gouvernementaux seront examinées par l'Assemblée. Le gouvernement s’assurera que toutes ces décisions prises au niveau du dialogue engagent entièrement tout le monde. Le gouvernement s'arrangera pour que ces lois passent telles qu’elles ont été préconisées par le dialogue national. Bien sûr, il est tout à fait du droit de certains de douter.
Décryptage Comores - Houmed M’Saidie
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