Au total, les Forces armées maliennes (FAMa) ont annoncé "la neutralisation de quatre terroristes dans la zone de Niono", dans le centre du pays ainsi que, dans le sud, l'élimination de "trois GAT" ("groupes armés terroristes") dans la forêt du Baoulé et de "15 terroristes" dans les secteurs de Manfouné, Vanekui et Mandiakui. L'AFP n'était pas en mesure de vérifier le bilan des morts fourni par l'armée malienne, dont le communiqué n'annonce aucune perte dans ses rangs. Ce décompte s'ajoute aux "203 combattants" de "groupes armés terroristes" que les FAMa ont précédemment annoncé avoir tués lors d'une opération "de grande envergure" fin mars, dans la zone de Moura (centre), pour laquelle des témoins interrogés par la presse ou l'ONG Human Rights Watch (HRW) parlent au contraire d'un massacre de civils à grande échelle (300 selon HRW) commis par des soldats maliens et des combattants étrangers. Interrogé par l'AFP, le colonel Souleymane Dembélé, directeur de la communication des FAMa n'a pas répondu à une question sur d'éventuelles pertes militaires au cours des opérations mentionnées dans le communiqué de la nuit mais il a fait état de la mort de huit soldats à Moura dans des "combats en périphérie et [...] aux alentours de la ville", sans précision de date. Gouverné par une junte militaire depuis août 2020, le Mali est plongé dans la tourmente depuis 2012. La propagation jihadiste, partie du nord, s'est étendue dans le pays et a gagné le Burkina Faso et le Niger voisins. Selon plusieurs rapports de la mission des Nations unies au Mali (Minusma), près de 600 civils ont été tués dans le pays en 2021 dans des violences imputées principalement aux groupes jihadistes, mais aussi aux milices d'autodéfense et aux forces armées. - "Spirale de violence" - La justice militaire malienne a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête sur les récents événements de Moura. Tout en saluant cette annonce, l'émissaire de l'ONU pour le Mali, El-Ghassim Wane, a exhorté jeudi les autorités de Bamako à permettre à l'ONU d'accéder à cette localité très difficile à atteindre, et d'où aucune photo n'a émergé depuis les événements controversés. Le déploiement d'une mission de la Minusma sur place n'a "jusqu'à présent" pas été autorisé, a-t-il dit au Conseil de sécurité des Nations unies. Sans faire allusion à Moura, l'état-major général malien "invite" dans son communiqué "les populations à se démarquer des terroristes pour minimiser les risques de dommages collatéraux sachant que la leçon apprise pendant les dernières actions confirme l'emploi de civils comme des boucliers humains". Collectif d'ONG, la Coalition citoyenne pour le Sahel demande pour sa part "l'ouverture d'une enquête indépendante" afin "que toute la lumière soit faite pour répondre aux allégations de graves violations des droits humains par les forces armées maliennes, notamment à Moura". "Le drame de Moura n'est que le dernier d'une série d'allégations de crimes contre des civils par différents acteurs au Mali, au Burkina Faso et au Niger", écrit ce regroupement d'une cinquantaine d'ONG majoritairement burkinabè, nigériennes et maliennes, dans un communiqué exprimant "sa vive préoccupation face à la spirale de la violence dont sont victimes les populations civiles dans le Sahel".
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