Suspendues en 2020 -- crise sanitaire et diplomatique oblige --, les liaisons maritimes pour les passagers entre l'Espagne et le Maroc ont repris mardi, signe concret de la réconciliation entre les deux pays voisins.
Le Tarifa Jet, un catamaran ferry de la compagnie maritime FRS Iberia, a accosté mardi en milieu de matinée à Tanger, le grand port du nord du royaume, avec à son bord 35 passagers, la plupart marocains, a constaté un journaliste de l'AFP.
Sous un ciel gris et pluvieux, les premiers passagers sortent au compte-gouttes du bateau, d'une capacité de 700 personnes, parti de Tarifa (sud de l'Espagne).
"C'est un grand jour.Nous sommes très heureux de rentrer au pays après deux ans d'absence", confie Hamid Elkhadri, un cinquantenaire, sur le quai du port tangérois.
Si piétons et autocars sont désormais autorisés à traverser les 14 km du détroit de Gibraltar, les automobilistes, eux, devront patienter jusqu'au 18 avril.
Cité cosmopolite, Tanger est l'un des plus grands ports de Méditerranée, avec Marseille et Algesiras.
A 40 km à l'est de la ville, un méga complexe industrialo-portuaire, Tanger Med, a été implanté en 2007 afin de décongestionner le port historique de Tanger.
- "Opération Marhaba" -
Les deux ports connaissent un mouvement très soutenu des vacanciers, traditionnellement l'été lorsque les Marocains résidant en Europe rentrent au pays.
Interrompu depuis 2020, ce retour estival -- connu au Maroc sous le nom d'"Opération Marhaba" (Bienvenue) -- est prévu cette année "entre le 15 juin et le 15 septembre", a précisé lundi le ministère espagnol de l'Intérieur.
La reprise du trafic maritime "tombe à point nommé car dans pratiquement deux mois, il y aura la grande +Opération Marhaba+, et c'est l'occasion de remettre en place l'ensemble des mécanismes nécessaire", a déclaré à l'AFP Mohamed Ouanaya, PDG de la société de gestion du port de Tanger-Ville.
En 2019, avant la pandémie, l'opération avait permis à plus de 3,3 millions de passagers et plus de 760.000 véhicules de traverser le détroit durant l'été via les ports espagnols, soit "l'un des flux de personnes les plus importants entre continents en si peu de temps", selon le gouvernement espagnol.
Le trafic n'est pas à sens unique.Des touristes marocains affluent chaque été sur la Costa Del Sol et l'hiver sur la Costa Brava.
En 2018, le nombre des visiteurs marocains (900.000) avait même dépassé celui des tourismes espagnols (814.000), selon des chiffres de l'Office du tourisme espagnol cités par le site marocain Medias24.
Brouillé diplomatiquement avec l'Espagne, le Maroc avait maintenu jusqu'à présent l'interdiction du trafic maritime de passagers avec l'Espagne malgré la réouverture de ses frontières maritimes fermées par la pandémie de Covid-19.
Mais Madrid a mis fin à près d'un an de crise le 18 mars dernier après avoir opéré un revirement sur la question du Sahara occidental et reconnu le plan d'autonomie marocain pour ce territoire disputé.
La réconciliation entre l'Espagne et le Maroc a été scellée jeudi avec la visite à Rabat du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, quand les deux pays voisins ont décidé d'"inaugurer une étape inédite" de leur partenariat.
"Nous allons procéder à la réouverture progressive des passages frontaliers, pour garantir un flux ordonné des personnes (...) et les marchandises circuleront également normalement", avait alors promis le dirigeant espagnol.
Ainsi, les frontières avec les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla (nord du Maroc) -- les seules frontières terrestres de l'Union européenne sur le continent africain -- devraient rouvrir prochainement mais aucune date n'a encore été annoncée.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.