La semaine dernière, des dizaines d'étudiants de l'école Shehu Shagari ont lapidé leur camarade chrétienne Deborah Samuel puis brûlé son corps après avoir lu un commentaire qu'elle avait posté sur les réseaux sociaux, considéré comme offensant à l'égard du prophète Mahomet. L'affaire a suscité l'indignation à travers le pays et de nombreux appels ont été lancés pour que les coupables soient traduits en justice. Dans la foulée, la police avait indiqué avoir arrêté deux suspects. Le lendemain de leur arrestation, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Sokoto pour exiger leur libération, détruisant des commerces et provoquant des affrontements avec les forces de l'ordre. Pour contenir les troubles, les autorités ont ensuite imposé un couvre-feu total dans la ville. "Le gouverneur de l'Etat de Sokoto, Aminu Waziri Tambuwal (...) a levé le couvre-feu imposé sur la métropole de Sokoto avec effet immédiat", a indiqué le commissaire régional de l'Information, Bajini Galadanci, dans un communiqué. Le gouverneur exhorte la population à "respecter la loi" et à rester calme, insistant sur la "nécessité d'une coexistence pacifique entre les habitants de l'Etat", a affirmé M. Galadanci. Selon le communiqué, le gouverneur a également interdit tout rassemblement public à travers l'Etat pour maintenir la paix. Lundi, les deux suspects ont été traduits en justice à Sokoto où ils ont plaidé non coupable de meurtre, ont affirmé des sources judiciaires locales. Le juge a ordonné qu'ils soient placés en détention provisoire dans l'attente d'une décision sur leur demande de libération sous caution, ont ajouté ces sources. Le Nigeria, géant de 215 millions d'habitants divisé de manière presque égale entre un Nord majoritairement musulman et un Sud à majorité chrétienne, est l'un des pays les plus religieux au monde. Dans l'islam, le blasphème, en particulier contre le prophète, est passible de la peine de mort selon la charia, instaurée en 2000 dans 12 Etats du nord nigérian.
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