Arrivé au pouvoir par les armes en 1990, le président tchadien Idriss Deby Itno, favori de la présidentielle du 25 avril, aime à se présenter comme un combattant.
Il s'est fait élire à trois reprises lors de scrutins contestés, tout en repoussant de nombreuses attaques rebelles.
"Fin stratège militaire" selon une source militaire française, Idriss Deby s'est montré également redoutable sur le plan politique où il a réussi à diviser et marginaliser l'opposition qui boycotte le scrutin en dénonçant des fraudes électorales.
Idriss Deby est né en 1952 à Berdoba (nord-est).Musulman, d'ethnie zaghawa, une branche du groupe gorane présente de part et d'autre de la frontière tchado-soudanaise, Deby se destine vite au métier des armes.
Baccalauréat en poche, il entre à l'école d'officiers de N'Djamena puis décroche en France une licence de pilote professionnel.
De retour au pays, il lie son destin à celui d'Hissène Habré qui prend le pouvoir en 1982.Commandant en chef des armées, Deby voit son aura croître avec les combats qu'il livre contre les forces libyennes.En 1987, la guerre de "reconquête" permet aux forces gouvernementales tchadiennes de récupérer le Nord occupé par les Libyens, à l'exception de la bande d'Aouzou, qui sera restituée au Tchad en 1994 après 21 ans d'occupation.
Conseiller militaire du président, Idriss Deby est accusé de complot en 1989 et s'enfuit en Libye qui lui sera d'un grand soutien, puis au Soudan.Il fonde sa propre armée, le Mouvement patriotique du salut (MPS).
En décembre 1990, ses troupes prennent N'Djamena et il s'empare du pouvoir.
"Je ne vous ai apporté ni or ni argent mais la liberté et la démocratie", lance-t-il.La phrase est dans toutes les mémoires.Ses détracteurs la paraphrasent: "Je ne vous ai apporté ni or ni argent ni la liberté ni la démocratie".
Le chef de guerre délaisse son treillis pour la politique.Il ouvre le pays au multipartisme.Elu en 1996, réélu en 2001, il est critiqué par une opposition qui lui reproche des fraudes électorales, des violations des droits de l'homme et, malgré son entrée en 2003 dans le club des pays producteurs de pétrole, l'extrême pauvreté des Tchadiens.
Son clan se lézarde à la faveur de la guerre civile qui embrase le Darfour voisin, au Soudan.Les désertions et défections se multiplient et vont grossir les rangs des rebelles, soutenus par le Soudan.450.000 réfugiés et déplacés vivent actuellement dans des camps dans l'est du Tchad.
Deby déjoue des complots et de multiples attaques ou "rezzous" de rebelles qui arrivent aux portes du palais présidentiel en février 2008.
De source militaire, la France, son fidèle allié, avait proposé alors à Deby de l'évacuer mais celui-ci avait refusé jurant de garder le pouvoir ou de mourir, armes à la main.
Cette attaque est une des tâches sur son tableau: dans la confusion de l'après-combat, un des principaux opposants Ibni Oumar Mahamat Saleh, a été arrêté par les forces de sécurité.Il est toujours porté "disparu" et donné pour mort.
Sur le plan politique, Deby est réélu en 2006 lors d'un scrutin auquel ne participe pas l'opposition.Fort de la puissance du MPS et des divisions de l'opposition très morcelée et incapable de s'organiser, il semble une nouvelle fois faire des concessions avec la signature, le 13 août 2007, d'un accord censé aboutir à des élections démocratiques.
Se posant en rempart face au président soudanais Omar el-Bechir mais surtout face à l'islamisme radical, Deby a toujours bénéficié du soutien occidental et de la France, malgré les violations des droits de l'homme.
En 2010, Deby fait un virage radical en signant la paix avec le Soudan."Nous avons tourné ensemble, avec mon frère Béchir, la page sombre de notre histoire", a-t-il commenté.
Après avoir longtemps prôné une ligne dure, Deby se pose désormais en rassembleur: "Seule la réconciliation fera entrer notre pays dans la modernité", a-t-il lancé lors du 20e anniversaire de sa prise du pouvoir.
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