Ces blocages surviennent au moment où la Libye, qui peine à tourner la page des années du régime de Mouammar Kadhafi renversé en 2011, est en proie à une grave crise institutionnelle, avec deux exécutifs rivaux. En février, le Parlement siégeant dans l'est du pays a en effet désigné Fathi Bachagha comme nouveau chef de gouvernement. Mais celui-ci n'a toujours pas réussi à évincer l'exécutif en place à Tripoli dirigé par Abdelhamid Dbeibah et qui refuse de remettre le pouvoir avant la tenue d'élections. Considérés comme proches du camp de l'Est, les groupes qui bloquent les sites pétroliers réclament "une répartition équitable" des revenus et le transfert du pouvoir exécutif à M. Bachagha. Dans un communiqué, la NOC a regretté "le début d'une douloureuse vague de fermetures" d'installations pétrolières, "alors que les prix du pétrole et du gaz flambent" sur les marchés internationaux sous l'impact de la guerre en Ukraine. Après la "fermeture forcée" dimanche du champ d'al-Fil (sud), les employés travaillant dans les installations à Zouetina (est), Mellitah (nord-ouest), al-Sarrir (est) et Al Khaleej (est) ont été "contraints à arrêter complètement et progressivement la production", selon la compagnie. La production "sur les champs d'Abou Al-Tifl (est), al-Intissar (est), al-Nakhla (est)" a également cessé dimanche de même que la production de gaz des usines affiliées à ces sites et au port de Zouetina, où "un groupe d'individus est entré de force pour contraindre les employés à cesser les opérations", a précisé la NOC. - "Pression" - Dans un tel contexte, la NOC "se voit contrainte de déclarer l'état de force majeure sur le port pétrolier de Zouetina" ainsi que sur tous les champs et usines associés à ce port "jusqu'à nouvel ordre", a déclaré le patron de la NOC, Mustafa Sanalla, cité dans le communiqué. L'"état de force majeure" permet une exonération de la responsabilité de la NOC en cas de non-respect des contrats de livraison de pétrole. La fermeture de Zouetina, l'un des quatre terminaux pétroliers de la région dite du "Croissant pétrolier" (est), va priver la Libye de l'exportation de près d'un quart de sa production. Quelques heures plus tard, la NOC a annoncé être "contrainte de déclarer l'état de force majeure jusqu'à nouvel ordre sur le champ d'al-Charara", l'un des plus importants gisements du pays situé dans le sud-ouest du pays. "Un groupe d'individus a fait pression sur les travailleurs du champ pétrolier al-Charara, les obligeant à arrêter progressivement la production", a indiqué un communiqué de la NOC. Situé à environ 900 km au sud de Tripoli, al-Charara produit en temps normal 315.000 barils par jour, sur une production nationale de plus de 1,2 million de barils par jour, contre 1,5 à 1,6 million avant 2011. Principal fournisseur de la raffinerie de Zaouia (ouest), qui à son tour approvisionne le marché local en carburants, al-Charara est géré par la société Akakus, co-entreprise entre la NOC, l'Espagnol Repsol, le Français Total, l'Autrichien OMV et le Norvégien Statoil. La NOC a maintes fois souligné l'importance de préserver "la neutralité" du secteur pétrolier et de le maintenir à l'écart "des conflits politiques", a rappelé M. Sanalla dans le communiqué. La dernière crise politique que connaît la Libye a commencé à germer après le report sine die en raison de divergences persistantes entre clans rivaux des élections présidentielle et législatives initialement prévues en décembre dernier.
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