Quelles sont les informations dont vous disposez sur ces deux incidents ?
Il y a d’abord le premier incident qui s’est passé dans la localité de Bambou, en Ituri, où un militaire a tué 8 (huit) personnes au total, dont 3 (trois) étaient ses frères d’arme et un responsable militaire. C’était le 17 avril, et un jour après, un autre militaire tire lui aussi sur de paisibles citoyens. C’est quand même des incidents très tristes qui rappellent le besoin de reformer l’armée pour la rendre professionnelle et qu’elle réponde effectivement à ses objectifs.
Comment l'état d'ébriété de ces soldats a-t-il été établi ?
C'’est la communication de l’armée, parce que les populations sont prises de panique lorsqu’il y a des incidents de la sorte. Ce sont donc les responsables militaires qui les ont maîtrisés et qui ont dit que c’était le fait d’ivresse qui les a poussés à agir de la sorte. Après les discours, on a effectivement pu se rendre compte que c’est l’ivresse qui est à la base de ces fusillades. Mais bien évidemment, c’est le reflet même de l’indiscipline et c’est totalement inconcevable que quelqu’un qui a une arme à feu et peut causer autant de mal soit traité avec beaucoup de légèreté. Qu’il soit laissé à lui-même sans qu’il n’y ait rien comme mesure de prévention ou de punition. Il n’y a pas de sanction exemplaire pour prévenir ceux qui seront tentés de reproduire des incidents de la sorte.
Ce n’est pas le premier incident du genre dans l’est de la RDC. Quelles sont les dernières statistiques dont vous disposez ?
Nous ne disposons pas de statistiques sur cette question. Mais ce sont des choses qui arrivent et qui ont souvent des répercussions fâcheuses. Nous n’avons pas non plus de statistiques sur les suicides au sein de l’armée. Parce qu’il y aussi des suicides au sein de l’armée, notamment à Beni et en Ituri. Il y a chaque jour des informations faisant état d’un tel ou tel qui s’est donné la mort. Ce sont des informations assez inquiétantes au même titre que l’absence de réforme au sein de l’armée. Ils (les militaires) peuvent manipuler l’arme quand ils le veulent.
Des soldats en état d’ébriété qui tirent sur des civiles ou leurs collègues, d’autres qui se suicident. Cela ne révèle-t-il pas un défaut de prise en charge des éléments de l’armée congolaise qui souffriraient de traumatisme qu’ils ont peut-être vécus dans une partie Est du pays plongée dans l’insécurité ?
Il y a un peu de ça, de ce traumatisme, d’être chaque jour sur des lieux de front, de voir chaque jour des gens mourir, de faire face chaque jour au risque d’être tué. C’est un vrai traumatisme récurrent et il n’y a malheureusement pas de prise en charge psychologique conséquente de la part des autorités congolaises. Il y a aussi des traumatismes élevés au sein de l’armée et qui ne sont pas traités par les services. A ma connaissance, il n’y a aucune prise en charge psychologique des militaires. Déjà la prise en charge en santé est une grande problématique, puisqu’on voit des militaires blessés au front venir batailler encore pour avoir les soins de santé.
Il y a un besoin de réforme. Par exemple, la situation de l’est de la RDC est telle qu’il n’y a pas de camp militaire. Si ces militaires étaient dans un camp militaire, s’ils ne vivaient pas avec la population, ces incidents ne se seraient peut-être pas produits. Il y a également un besoin d’une réforme de profondeur pour permettre à l’armée d’être dans les conditions minimales nécessaires pour être professionnelle et assurer la sécurité des personnes et des biens. Autrement, on va continuer à voir des militaires qui tirent sur leurs compatriotes. C’est déplorable.
Décryptage RDC : Deux militaires ivres tuent 15 personnes
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