Mali: l'armée française accuse les mercenaires de Wagner de manipulation de l'information, images à l'appui

Infos. L'armée française a filmé ce qu'elle affirme être des mercenaires russes en train d'enterrer des corps près de la base de Gossi, dans le nord du Mali, dans le but selon elle d'accuser les Français d'avoir laissé un charnier derrière eux.

Mali: l'armée française accuse les mercenaires de Wagner de manipulation de l'information, images à l'appui
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Paris (AFP)

Dans cette vidéo prise par drone à laquelle l'AFP a eu accès jeudi soir, et que l'état-major français qualifie d'"attaque informationnelle", on peut voir des soldats s'affairer autour de cadavres qu'ils recouvrent de sable.Dans une autre séquence, on voit deux de ces militaires filmer les corps à moitié ensevelis.

L'état-major assure qu'il s'agit de soldats blancs qu'il a identifiés sur des vidéos et des photos prises à d'autres endroits.Certaines photos montrent par ailleurs des véhicules sortir d'une base dont la structure et l'environnement correspondent à l'emprise de Gossi, où une équipe de l'AFP s'est déjà rendue à deux reprises.

Cette séquence intervient quelques jours après le départ des militaires français de la base de Gossi, dans le cadre du désengagement français du Mali, annoncé en février.Les clés de cette emprise qui accueillait 300 soldats français ont été remises mardi aux forces armées maliennes (FAMa).

C'est la première fois que l'armée française diffuse dans un délai si court des images de drone militaire en vue de contrer une attaque informationnelle, alors que la lutte d'influence fait désormais rage sur les réseaux sociaux.

Les autorités maliennes n'avaient pas réagi officiellement en milieu d'après-midi vendredi.

- "Manoeuvre" -

Au départ de cette riposte informationnelle, des images diffusées jeudi sur le compte Twitter d'un dénommé Dia Diarra, qui se proclame "ancien militaire" et "patriote malien".Ce compte a été créé en janvier 2022, a constaté l'AFP.

Après avoir prévenu mercredi de la publication imminente d'une vidéo montrant des exactions commises par les Français, il publie le lendemain une photo de cadavres floutés enterrés dans le sable, avec pour commentaire: "C'est ce que les Français ont laissé derrière eux quand ils ont quitté la base à #Gossi (...) on peut pas garder le silence sur ça!".Le même compte publie un peu plus tard une courte vidéo de ces corps à moitié ensevelis.

"On assiste à une manoeuvre informationnelle structurée", reposant sur la "montée en gamme d'un premier tweet", a commenté vendredi le porte-parole de l'état-major, le colonel Pascal Ianni.

Le compte de Dia Diarra "est très probablement un faux compte créé par Wagner", la société militaire privée russe, estime l'état-major français."Cette manœuvre de décrédibilisation de la force (française antijihadiste au Sahel) Barkhane semble coordonnée.Elle est représentative des multiples attaques informationnelles dont les militaires français font l'objet depuis de nombreux mois".

Selon l'armée française, "la comparaison des photos publiées sur Twitter et des images recueillies par le capteur spécialisé permet de faire un lien direct entre ce que font les mercenaires de Wagner et ce qui est faussement attribué aux militaires français".

Selon elle, ces "exactions témoignent des modes d'action mis en œuvre par les mercenaires de Wagner, qui sont observés en Centrafrique depuis (son) déploiement et qui ont été dénoncés par de nombreuses organisations internationales et ONG".

Paris a décidé en février son retrait militaire du Mali, dans un contexte sécuritaire dégradé et sur fond de tensions entre la France et la junte militaire au pouvoir, accusée par les Occidentaux d'avoir recours aux services du groupe Wagner.Bamako évoque pour sa part de simples conseillers russes.

Mardi, l'état-major français avait prévenu s'attendre à des attaques informationnelles à l'occasion de la rétrocession de la base de Gossi. 

Son porte-parole, le colonel Pascal Ianni, avait précisé qu'un état des lieux "documenté" de la base avait été dressé pour protéger la France d'éventuelles accusations.Une allusion au sentiment antifrançais qui a gagné du terrain dans la région et a valu à la France de faire l'objet de campagnes de dénigrement sur les réseaux sociaux.

"Il y a plusieurs mois, les forces françaises ont été accusées de participer à des trafics (...), d'armer les terroristes voire de commettre des exactions", avait alors rappelé le colonel Ianni.

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