"Il est clair que le Mali est dans une impasse (...). Ça fait plus de 22 mois que les autorités de transition sont là et vraiment il n'y a pas eu de changement notoire que nous nous avons constaté. C'est dommage", a déclaré à l'AFP Youssouf Daba Diawara, coordinateur général de la Coordination des mouvements, associations de sympathisants de l'imam Mahmoud Dicko (CMAS). Jeudi, lors d'un forum qui se tenait dans la capitale malienne, l'imam Dicko s'en est pris à "l'arrogance" des militaires qui dirigent le pays, en même temps qu'à l'orgueil de la communauté internationale, au moment où les uns et l'autre sont en plein bras de fer. Une telle critique contre la junte au pouvoir est devenue exceptionnelle de la part d'une personnalité nationale aussi éminente. Mahmoud Dicko ne s'était pas signalé publiquement par de tels propos depuis un certain temps. Samedi, Youssouf Daba Diawara a pour sa part dénoncé "l'installation au Mali d'une atmosphère défavorable à la liberté d'expression". Il a annoncé le dépôt d'une plainte contre "des activistes et des +vidéomans+ à la solde du pouvoir malien", qui ont "vilipendé et diffamé" sur les réseaux sociaux l'imam Dicko après ses déclarations de jeudi. Dans un communiqué rendu public après la rencontre des partisans de l'imam, la CMAS a en outre invité ses membres et sympathisants "à rester engagés, debout et mobilisés en attendant son mot d'ordre". Par ailleurs, lors d'une conférence de presse samedi, une frange du Mouvement du 5 juin (M5) - qui a participé en août 2020 à la chute de l'ex-président malien Ibrahim Boubacar Keïta - a réclamé la démission du Premier ministre Choguel Maïga. Ce dernier est le premier responsable du Comité stratégique du M5. Le Mali, plongé dans des crises sécuritaire et politique profondes depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012 dans le Nord, a subi deux coups d'Etat menés par le même groupe de colonels en août 2020 et mai 2021. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest a infligé en janvier de vigoureuses mesures de rétorsion au Mali pour sanctionner le dessein qu'avait alors la junte de se maintenir au pouvoir jusqu'à cinq années supplémentaires. La junte a ramené ses prétentions à 24 mois pour le moment.
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