L'explosion survenue vendredi entre les États de Rivers et d'Imo est l'une des pires de ces dernières années dans une région où les vols de pétrole et le raffinage illégal entraînent des pertes considérables pour le plus grand producteur de brut d'Afrique. "Ce matin, le bilan est de 110 (morts) tandis que de nombreuses personnes brûlées reçoivent des soins dans les hôpitaux", a déclaré à l'AFP Ifeanyi Nnaji, un responsable local de l'Agence nationale de gestion des urgences (NEMA). "Nous avons rassemblé les restes des victimes pour un enterrement collectif" mardi, a-t-il ajouté. M. Nnaji a expliqué que les corps, calcinés, étaient méconnaissables, ce qui a rendu difficile l'identification des victimes par les familles. Une enquête a été diligentée pour déterminer les causes de l'explosion, a affirmé à l'AFP le patron de l'Agence nationale de détection et de réponse aux déversements de pétrole (NOSDRA), Idris Musa. De son côté, le président Muhammadu Buhari a évoqué "une catastrophe nationale", dans une déclaration publiée par ses services. Il a également appelé les forces de l'ordre à intensifier la répression des raffineries clandestines. La région du delta du Niger est dévastée par des décennies de vandalisme et d'exploitation illégale d'hydrocarbures. Les groupes armés et habitants siphonnent régulièrement le brut des pipelines appartenant aux grandes compagnies pétrolières qu'ils raffinent ensuite sur des sites illégaux et revendent au marché noir. La pire explosion de pipeline au Nigeria s'est produite en octobre 1998 dans la localité de Jesse, dans le sud du pays, faisant plus de 1.000 morts parmi les habitants. Mele Kyari, directeur de la compagnie pétrolière nationale, a estimé que le Nigeria perd près de 250.000 barils par jour aux mains des voleurs. Depuis janvier, "au prix actuel de 100 dollars le baril, nous avons perdu environ 1.5 milliard de dollars", a-t-il déclaré lors d'une audition parlementaire. Malgré l'immense richesse en hydrocarbures du pays, la plupart des habitants vivent dans une grande pauvreté et accusent régulièrement les grandes compagnies pétrolières d'avoir elles aussi contribué à la pollution de leur région sans participer à son développement. Des décennies de marée noires ont dévasté des mangroves et des villages entiers, où la pêche et l'agriculture assuraient autrefois la principale source locale de revenus.
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