Ces derniers jours, maître Tarek El-Awadi, membre de la commission des grâces présidentielles a annoncé sur Twitter la libération de 12 prisonniers d'opinion, dont certains en détention préventive depuis des années. Si M. Abdelhadi a bénéficié d'une grâce présidentielle, c'est le parquet qui a ordonné la libération des 11 autres détenus. Parmi eux, la traductrice Khouloud Saïd, arrêtée en avril 2020 pour avoir critiqué la gestion gouvernementale du Covid-19 et le blogueur Abderahman Tarek, surnommé "Moka", qui avait entamé une grève de la faim pour dénoncer ses trois années de détention préventive, un régime légalement limité à deux ans. M. Abdelhadi avait lui été condamné le 23 mai dernier à quatre ans de prison pour diffusion de "fausses informations" après avoir été arrêté en janvier 2019 à son domicile. Cet opposant âgé de 68 ans est l'une des figures du mouvement "Kefaya" (Assez!), très actif lors du soulèvement populaire de 2011. M. Abdelhadi s'est également illustré par ses articles très lus lors de la révolution qui a abouti à la chute de l'autocrate Hosni Moubarak. Populaire depuis son opposition à la privatisation de la chaîne de magasin Omar Effendi, il avait annoncé vouloir se présenter à l'élection présidentielle de 2012 avant de se rétracter. En 2017, cet ancien ingénieur militaire a fondé le Mouvement civil démocratique et s'est allié avec plusieurs partis d'opposition. Une opposition désormais en sommeil depuis l'arrivée au pouvoir en 2013 du président Abdel Fattah al-Sissi qui a mené une répression visant d'abord les islamistes avant de s'élargir aux voix dissidentes. L'Egypte compte plus de 60.000 détenus d'opinion, condamnés ou en attente de procès, selon les ONG. "Les promesses précédentes de libération de prisonniers politiques ont surtout servi à détourner l'attention de la communauté internationale concernant le bilan de l'Egypte en matière de respect des droits humains", a dénoncé Amnesty International dans un communiqué mardi. M. Sissi avait proposé fin avril un "dialogue national" mais les défenseurs des droits humains se disent circonspects car il n'a jusqu'ici débouché que sur la libération d'une cinquantaine de détenus politiques.
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