"J'exprime ma profonde émotion et mon inquiétude face au traitement violent et dégradant de migrants africains cherchant à traverser une frontière internationale entre le Maroc et l'Espagne", a tweeté dimanche soir Moussa Faki.
"J'appelle à une enquête immédiate sur cette affaire et rappelle à tous les pays leurs obligations, aux termes de la loi internationale, à traiter tous les migrants avec dignité et à faire porter leur priorité sur leur sécurité et leurs droits humains, tout en réfrénant tout usage excessif de la force", a ajouté le chef de la Commission de l'UA.
Dans un tweet, l'ambassadeur du Kenya à l'ONU Martin Kimani a annoncé qu'à l'initiative de son pays, soutenu par le Gabon et le Ghana --les deux autres pays africains actuellement membres non permanents du Conseil de sécurité--, celui-ci allait tenir une réunion à huis clos sur la répression violente des migrants de vendredi.
Selon des diplomates, la session avait été initialement envisagée lundi mais elle a finalement été repoussée à mercredi.
Elle portera sur "la violence meurtrière à laquelle sont confrontés les migrants africains entrant" dans l'enclave espagnole de Melilla depuis le territoire marocain, a précisé le diplomate kényan.
"Les migrants sont des migrants: qu'ils viennent d'Afrique ou d'Europe, ils ne méritent pas d'être ainsi brutalisés", a souligné Martin Kimani.
Interrogé lors de son point-presse quotidien sur le drame survenu vendredi, le porte-parole des Nations unies Stéphane Dujarric s'est borné à déclarer que l'ONU "déplorait cet évènement tragique et la perte de vies" qui en a résulté.
L'Espagne avait au préalable salué lundi la "collaboration" de Rabat "dans la défense de (ses) frontières", alors que de nombreuses voix s'élèvent pour réclamer une enquête sur les décès des migrants.
- 65 migrants poursuivis -
La justice marocaine a décidé de poursuivre 65 migrants, en majorité des Soudanais, pour avoir participé à la tentative de passage en force meurtrière vendredi, a-t-on appris lundi auprès d'un avocat de la défense.
Le parquet du tribunal de première instance de la ville marocaine de Nador (nord), limitrophe de Melilla, a inculpé 37 migrants pour "entrée illégale sur le sol marocain", "violence contre agents de la force publique", "attroupement armé" et "refus d'obtempérer", a déclaré à l'AFP leur avocat Khalid Ameza.
Un second groupe, composé de 28 migrants, sera jugé en outre pour "participation à une bande criminelle en vue d'organiser et de faciliter l'immigration clandestine à l'étranger", a ajouté Me Ameza.
L'avocat a précisé que la majorité des accusés étaient originaires du Darfour, dans l'ouest du Soudan, en proie à une grave crise alimentaire et où de récentes violences ont fait plus de 125 morts et provoqué le déplacement de 50.000 personnes.
D'autres sont Tchadiens et Maliens, l'un d'eux est Yéménite.
Une cinquantaine d'ONG, dont l'Association marocaine des droits humains (AMDH) et l'espagnole Caminando Fronteras, ont dénoncé "un symbole tragique des politiques européennes d'externalisation des frontières de l'Union européenne".
"La mort de ces jeunes africains (...) dévoile le caractère meurtrier de la coopération en matière de sécurité sur les migrations entre le Maroc et l'Espagne", ont-elles ajouté.
Le défenseur du peuple (ombudsman) espagnol, saisi par des ONG, a demandé des explications "aux services concernés".
Au moins 23 migrants ont péri et 140 policiers ont été blessés, selon les autorités marocaines, lors d'une tentative d'entrée de quelque 2.000 migrants dans l'enclave espagnole de Melilla, en territoire marocain.
Ce bilan est le plus meurtrier jamais enregistré lors des nombreuses tentatives de migrants subsahariens de pénétrer à Melilla et dans l'enclave espagnole voisine de Ceuta, les seules frontières terrestres de l'Union européenne avec le continent africain.
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