Mohammed Adel a été déclaré coupable du "meurtre avec préméditation" de sa camarade, l'étudiante Nayera Achraf, a affirmé une source judiciaire à l'AFP, précisant qu'il avait avoué le crime durant son procès. La semaine dernière, une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux montrait l'étudiante être poignardée devant son université à Mansoura, 150 km au nord du Caire. Le meurtre est passible de la peine capitale en Egypte, pays qui a procédé en 2021 au troisième plus grand nombre d'exécutions au monde selon Amnesty International. L'affaire était particulièrement suivie en Egypte et au-delà car quelques jours après, une étudiante jordanienne, Imane Erchid, était tuée par balles à Amman par un jeune homme apparemment pour les mêmes raisons. L'auteur de ce dernier meurtre s'est suicidé selon les services de sécurité jordaniens alors que sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes jordaniens et égyptiens réclamaient la peine capitale pour les auteurs des deux meurtres tandis que d'autres appelaient à apprendre aux jeunes "à accepter le fait que les femmes puissent dire 'non'". En Egypte, si les femmes votent depuis 1956, elles restent soumises à une législation patriarcale vieille d'un siècle et sont les premières victimes, selon les féministes, de la propagation d'un islam rigoriste associé à l'enracinement du conservatisme. Ces derniers jours, un autre féminicide a fait grand bruit dans le pays le plus peuplé du monde arabe. Le parquet a en effet ordonné lundi l'arrestation d'un magistrat suspecté du meurtre de son épouse, la journaliste Chaïma Gamal. Le corps de la journaliste a été trouvé à la suite du témoignage d'une personne ayant confessé sa "participation au crime", près de trois semaines après que son mari a signalé sa disparition, selon le parquet. En mars, c'est un adolescent qui avait été condamné à cinq ans de prison avec sursis par la justice, après le suicide d'une lycéenne qu'il faisait chanter en publiant des photomontages dénudés d'elle sur internet. Le prédicateur égyptien Mabrouk Attiya avait provoqué un tollé en estimant que si Nayera Achraf avait été voilée, elle aurait connu un autre sort. Il avait provoqué l'ire des féministes dans un pays où, selon les autorités, près de huit millions de femmes ont subi des violences en 2015 de la part d'un époux, d'un proche ou d'un étranger dans l'espace public. Au plus niveau de l'Etat toutefois, le président Abdel Fattah al-Sissi veut jouer sur les symboles: actuellement, un ministre sur quatre est une femme et un député sur trois. Pour les féministes malgré tout, ce n'est qu'une façade puisque cela n'a pas empêché le gouvernement de proposer -sans succès- début 2021 un projet de loi visant à restreindre les droits des près de 50 millions d'Egyptiennes en permettant par exemple à leur père ou à leurs frères d'annuler leur mariage.
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