La confirmation de ce rejet, contenue dans une décision du Conseil diffusée vendredi soir sur les réseaux sociaux, revient à écarter des élections du 31 juillet certaines des figures de l'opposition, dont Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et candidat déclaré à celle de 2024. La décision alarme un certain nombre d'analystes, inquiets d'une impasse politique et du risque de contestation. Elle a été prise après des semaines de confusion sur la validation des listes électorales, à commencer par la recevabilité des listes de la coalition d'opposition Yewwi Askan Wi et de la majorité présidentielle Benno Bokk Yaakkar (BBY). Les Sénégalais élisent leur 150 députés selon un mode qui panache scrutin proportionnel avec des listes nationales pour 53 parlementaires, et scrutin majoritaire dans les départements pour 97 autres. La diaspora élit 15 députés. Pour le scrutin proportionnel, les organisations présentent une liste de titulaires et une liste de suppléants. Le ministère de l'Intérieur a validé le 30 mai huit listes nationales. Mais il a déclaré "irrecevable" la liste des titulaires de Yewwi Askan Wi. Il a fait de même avec la liste des suppléants de Benno Bokk Yaakkar, mais cette décision a été considérée comme beaucoup moins lourde de conséquences, les principaux candidats de la majorité restant en course. Au contraire, Ousmane Sonko est écarté. Les autorités reprochent à sa liste l'inégibilité d'une de ses candidates, figurant par inadvertance à la fois parmi les titulaires et les suppléants. Elles reprochent à celle de Benno Bokk Yaakkar de manquer aux règles de parité hommes-femmes. Les juges constitutionnels ont confirmé ces décisions en rejetant les recours introduits contre elles. Déthié Fall, mandataire de Yewwi Askan Wi, cité dans le quotidien l'Observateur, estime que leur décision "nous met dans une situation inédite d'élections avec des moitiés de liste". Il a indiqué que la coalition allait rapidement "apprécier la situation". Yewwi Askan Wi a dénoncé ces derniers jours une tentative de la part du président Macky Sall de l'éliminer des élections sous couvert de moyens légaux. Fin mai, alors que la validation de la liste était déjà en question, Ousmane Sonko avait appelé les jeunes, parmi lesquels il est populaire, à "se lever" et avait envisagé la possibilité d'aller "déloger" M. Sall du palais présidentiel si nécessaire, selon des propos rapportés par la presse. Avant la décision constitutionnelle, l'opposition appelait déjà à manifester mercredi. La mise en cause de M. Sonko par la justice dans une affaire de viols présumés avait contribué en mars 2021 à plusieurs jours d'émeutes qui avaient fait au moins une douzaine de morts. L'actuelle Assemblée est largement dominée par la coalition présidentielle.
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