Thierno Mamadou Diallo, 19 ans, a été tué le 1er juin lors de heurts entre forces de sécurité et manifestants protestant contre la hausse des prix du carburant. Il était étranger aux protestations, selon ses proches. Son décès a ravivé le souvenir des dizaines de Guinéens tués entre 2019 et 2021 lors de manifestations contre un troisième mandat du président Alpha Condé. M. Condé a été renversé par le colonel Mamady Doumbouya en septembre 2021 et la junte désormais au pouvoir a promis de rompre avec les agissements du passé. L'ouverture d'enquêtes contre un certain nombre de personnalités, l'arrestation d'une partie d'entre elles, l'interdiction de toute manifestation politique et la mise à l'écart dénoncée par les partis ou la société civile suscitent une grogne grandissante contre un exercice perçu comme solitaire et autoritaire du pouvoir. Le Front national pour la défense de la Constitution, collectif qui a orchestré la contestation contre l'ex-président Condé, a appelé à la mobilisation sous le slogan "justice plus jamais ça" à l'occasion de l'enterrement de Thierno Mamadou Diallo, prévu lundi à partir de 10H30 (locales et GMT). De telles cérémonies ont dégénéré par le passé. Les nouvelles autorités se sont démarquées des précédentes, auxquelles les défenseurs des droits humains reprochaient l'usage excessif de la force et l'impunité des forces de sécurité. La police et la justice ont promis d'enquêter sur la mort de Thierno Mamadou Diallo. Le colonel Doumbouya, désormais président, a dit le 2 juin que le gouvernement était prêt "à mettre tous les moyens" nécessaires à la disposition des investigations. Le procureur général de Conakry, Alphonse Charles Wright, a indiqué dimanche devant des journalistes après avoir été reçu par les proches de la victime que les résultats des investigations seraient divulgués lundi matin. "De quoi il est mort, dans quelles circonstances et (...) quels sont les probables suspects, ça va être dit lundi", a-t-il déclaré. La balle a été retrouvée, a-t-il dit. Il a pris ses distances avec un passé récent où la justice était "pointée du doigt comme une institution qui ne fait pas son travail". Il a mis en garde contre l'appel à la mobilisation du FNDC. Il a précisé qu'il n'était pas interdit de participer aux obsèques lundi. Mais, a-t-il ajouté, "je n'admettrai jamais qu'un dossier judiciaire fasse l'objet d'une récupération politique". "En cas de problème, toutes les personnes qui ont appelé à cette marche funèbre seront poursuivies, arrêtées et déférées conformément à la loi", a-t-il prévenu.
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