Dans un discours prononcé à l'occasion du 1er mai, la fête du Travail, le chef de l'UGTT, Noureddine Taboubi a tiré la sonnette d'alarme face au risque de "démantèlement de l'Etat et (d')un effondrement financier et économique" du fait de la crise dans laquelle est plongée la Tunisie. D'où, selon M. Taboubi, "la nécessité de lancer un dialogue national sincère et profond qui traite tous les éléments de la crise (...) et serait une chance, peut-être la dernière, pour rassembler toutes les forces nationales". Le secrétaire général de l'UGTT a appelé M. Saied, qui s'est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021, "à superviser" ce dialogue auquel doivent participer "tous les partis politiques", selon le leader syndical. Un tel dialogue est "le seul choix pour les Tunisiens quels que soient les divergences et les désaccords", a affirmé M. Taboubi, en apportant son soutien au coup de force de M. Saied, qui a permis, selon lui, de "rompre avec une décennie d'échec politique". M. Taboubi a cependant regretté une position "hésitante et pas claire" du président Saied, qui a donné la priorité à une consultation populaire en ligne entre janvier et mars plutôt qu'à un dialogue national. La consultation, largement boudée par l'électorat, doit servir de base à un référendum prévu le 25 juillet pour amender la Constitution, avant des législatives en décembre. Depuis l'été 2021, la Tunisie est divisée en deux clans: celui du président --qui conserve un soutien solide dans l'opinion publique-- et ses opposants qui sont parvenus à rassembler jusqu'à 6 ou 7.000 manifestants à l'automne dernier contre ce qu'ils ont qualifié de "coup d'Etat" et de "dérive" vers une nouvelle dictature dans la seule démocratie du monde arabe. Fin avril, des associations et des partis opposés à M. Saied, dont le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, ont créé une coalition sous l'égide d'une figure de gauche, Ahmed Nejib Chebbi, 78 ans, avec l'ambition d'attirer d'autres formations et personnalités "influentes" pour "sauver le pays". Outre l'impasse politique, la Tunisie connait une profonde crise socio-économique et est en pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir un nouveau prêt.
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