Les électeurs du pays le plus peuplé d'Afrique se rendront aux urnes en février 2023 alors que le chef d'Etat termine son deuxième mandat critiqué de toute part pour son incapacité à endiguer les violences jihadistes et criminelles qui sévissent au Nigeria.
L'un des principaux enjeux de ce scrutin sera donc la question de la sécurité.Le massacre dimanche de 21 personnes dans une église du sud-ouest du pays, région pourtant quasi-épargnée par les violences, en est un cruel rappel.
Pour l'heure, aucun favori n'a émergé au Congrès des progressistes (APC), qui organise mardi ses primaires à Abuja, la capitale, accentuant davantage les divisions internes.
D'autant que son rival, le Parti démocratique populaire (PDP), principale formation d'opposition, a désigné l'expérimenté Atiku Abubakar, ancien vice-président, pour briguer la présidence.
Parmi les prétendants de l'APC en lice figurent le chef historique du parti Bola Tinubu, l'actuel vice-président Yemi Osinbajo, l'ancien ministre des Transports Rotimi Amaechi et le président du Sénat Ahmad Lawan.
Le président Buhari a exhorté sa formation politique à trouver un consensus, tout en se gardant de soutenir publiquement un candidat.
"Je vous demande de reconnaître l'importance de la stabilité et de l'unité du parti, sur lesquelles on ne saurait trop insister", a déclaré M. Buhari dans un communiqué publié ce weekend.
Dès lundi, les délégués de l'APC ont afflué dans la capitale avant le coup d'envoi des primaires prévues mardi.Le nom du vainqueur sera probablement connu entre mardi soir et mercredi.
Une partie des divisions internes du parti au pouvoir porte sur le "zonage", un accord tacite au Nigeria selon lequel la présidence doit alterner tous les deux mandats entre un candidat du nord, majoritairement musulman, et du sud, majoritairement chrétien.
Cet accord vise à maintenir l'équilibre dans un pays qui compte plus de 250 groupes ethniques et où les tensions intercommunautaires sont fréquentes.
Mais le PDP a choisi d'ignorer le "zonage" en choisissant comme candidat M. Abubakar, richissime homme d'affaires originaire du nord, qui se présente une sixième fois en trois décennies à la présidence, relançant ainsi le débat du côté de l'APC.
- L'homme fort de Lagos -
Un autre accord tacite de l'APC veut qu'un candidat musulman choisisse un colistier chrétien, et vice-versa.
Problème: le parti ne s'entend pour l'instant sur aucun duo.
Bola Tinubu et Ahmad Lawan sont tous deux musulmans, respectivement originaires du sud et du nord.Les deux autres, Yemi Osinbajo et Rotimi Amaechi, sont chrétiens et issus du sud.
M. Tinubu a fait beaucoup parler de lui la semaine dernière en revendiquant sans détour la présidence, disant avoir porté M. Buhari au pouvoir, une opinion partagée par beaucoup au Nigeria.
"J'ai aidé Buhari à devenir président.Je l'ai rencontré à Kaduna et l'ai convaincu de se présenter alors qu'il y avait renoncé", a-t-il déclaré."C'est à mon tour d'être président".
M. Tinubu est l'ancien gouverneur de Lagos, poumon économique du Nigeria, où il a gardé une influence considérable.
Le choix final de l'APC est crucial: les deux ultimes candidats s'affronteront pour obtenir la présidence d'un pays en proie à une insécurité généralisée, de l'insurrection jihadiste dans le nord-est aux bandes criminelles qui ravagent le nord-ouest et le centre, en passant par des mouvements séparatistes dans le sud-est.
L'économie est également un sujet majeur au Nigeria, qui compte 215 millions d'habitants dont 83 millions vivant sous le seuil d'extrême-pauvreté, selon le dernier recensement de l'organisation World Poverty Clock.
La plus grande économie d'Afrique, affaiblie par la pandémie de coronavirus, subit désormais les retombées de la guerre en Ukraine, qui ont fait grimper les prix des carburants et des denrées alimentaires sur tout le continent.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.