Fondateur d'Ethio-Forum, "Yaysewe Shimelis a été arrêté à son domicile lundi vers 07H00 par des membres de forces de sécurité vêtus en civil, selon des voisins qui ont assisté à son arrestation" et "on ne sait pas où il se trouve actuellement", a expliqué ce proche ayant requis l'anonymat. M. Yaysewe avait déjà été arrêté le 26 mai et avait passé 27 jours en détention avant d'être très récemment libéré, a-t-il rappelé. "De façon similaire, Abebe Bayu, ancien journaliste TV et présentateur d'Ethio-Forum (...) a été emmené de chez lui par des membres des forces de sécurité en civil hier (mercredi) vers 22H00 et sa localisation actuelle est inconnue", a-t-il poursuivi. Dans un communiqué, la représentante pour l'Afrique subsaharienne du Comité de protection des journalistes (CPJ), Muthoki Mumo, a jugé "l'arrestation de Yaysewe Shimelis profondément préoccupante, au vu du passif des autorités éthiopiennes qui l'ont de façon répété arrêté et détenu plusieurs semaines sans inculpation". Le CPJ rappelle que M. Yaysewe "a été arrêté au moins trois autres fois depuis 2020", demande aux autorités éthiopiennes de "dévoiler immédiatement sa localisation et publier ce qu'elles lui reprochent, ou (de) le libérer sans inculpation". "Elles devraient aussi cesser d'utiliser le système judiciaire comme outil pour punir les journalistes dont le travail ne s'aligne pas sur les récits du gouvernement", estime l'ONG de défense de la liberté de la presse. Fin mai, une vague d'arrestation avait visé le secteur de la presse, notamment en ligne, en Ethiopie. Les autorités avaient affirmé que la plupart de ceux arrêtés opéraient sans accréditation ou autorisation et pour certains encourageaient la haine ethnique et religieuse. "Si quiconque avec une chaîne YouTube est considéré comme un journaliste et qu'il n'y aucun moyen de réglementer ce qui s'y dit au point qu'on y encourage les clivages ethniques et religieux (...) c'est très problématique", avait notamment expliqué Billene Seyoum, l'une des porte-parole du Premier ministre Abiy Ahmed. L'Ethiopie est classée à la 114e place sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse 2022 de Reporters Sans Frontières (RSF). L'organisation note que, depuis l'arrivée au pouvoir en 2018 d'Abiy Ahmed, le paysage médiatique est "plus ouvert et pluraliste que sous le régime précédent, avec plus de 200 médias autrefois bannis et désormais autorisés". Mais depuis le déclenchement en novembre 2020 de la guerre dans le nord du pays, "le pouvoir a opéré une forte reprise en main du champ de l'information" et "l'espace médiatique rétrécit en Ethiopie", déplore l'ONG.
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