En 1972, alors réfugié politique aux Pays-Bas, Bonga avait publié "Angola 72". Alors que l'on fête son demi-siècle, et celui de la carrière de son auteur, ce disque très "roots", authentique et dépouillé, est considéré comme un classique, indispensable à toute discothèque de l'amateur éclairé de musiques du monde. Sur le suivant, "Angola 74", figurait une version poignante de "Sodade", valant largement celle qui ouvrit dix-huit ans plus tard les portes du succès à la Capverdienne Cesaria Evora, sur l'album "Miss Perfumado" de la diva aux pieds nus. Depuis ces deux pierres fondatrices d'une abondante discographie -cet ancien athlète de haut niveau devenu musicien professionnel a publié près de 40 albums- Bonga n'a jamais trahi, malgré le succès, l'âme des musiques et rythmes de son pays d'origine. Même si cet exilé n'y vit plus depuis bien longtemps, établi désormais à Lisbonne où il habite près du stade de football du Benfica, où il s'entraînait au tour de piste avant de devenir un chanteur célèbre, Bonga est toujours resté connecté à l'Angola de son enfance et de sa prime jeunesse. Il se fait toujours l'ardent défenseur du semba, l'ancêtre de la samba brésilienne qui rythme le carnaval à Luanda, mais aussi du rebita, du lamento ou du batuque. Dans "Kintal da Banda" ("la Cour de la maison"), ce chanteur à la voix unique, éraillée, râpeuse, chargée d'émotion, a voulu restituer l'ambiance de la cour de son enfance, où l'on jouait et dansait lors de réunions familiales ou amicales. Une cour qui fut celle de son éducation musicale. "Il y a toujours de la fraîcheur dans sa musique, et il n'est pas du tout déconnecté du monde d'aujourd'hui", a dit de cette "personnalité hyper importante" Xavier Lemettre, le directeur du festival de jazz Banlieues Bleues qui l'a programmé encore récemment. Celui qui croule sous les honneurs -il s'est vu remettre les clefs de la ville de Buenos Aires ou les insignes de Chevalier de l'Ordre des Arts et des des Lettres en France-, ne semble toujours pas prêt à s'endormir sur ses lauriers.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.