Que retenir de l’histoire du Burkina que vous retracez dans la première partie de votre livre ? Vous y insistez sur l'aspect économique de plus en plus éprouvé par l'insécurité grandissante.
J’ai voulu par ce livre, retracer l’histoire du Burkina à nos jours. Je peins la situation économique du Burkina…l’industrie qui peine à décoller, le transport qui n’est pas au beau fixe, l’agriculture qui n’arrive pas encore à nourrir son homme, l’insécurité qui règne dans le pays à cause des attaques terroristes. Aujourd’hui, nous avons pratiquement deux millions de déplacés internes, qui ont quitté leurs terroirs, qui n’arrivent plus à cultiver. Ce qui fait que l’agriculture prend un coup alors que 80% de la population pratiquent cette activité.
De quelle façon cette insécurité observée depuis 2015 avec le début des attaques terroristes impacte-t-elle l'économie du Burkina ?
L’impact est réel. Sur le plan du tourisme, nous n’avons plus de touristes. Le Nord et l’Est du pays où il y a beaucoup de sites touristiques ne sont plus fréquentés par les touristes. Les industries locales aussi prennent un coup. Parce que quand on produit, c’est pour vendre alors que les producteurs ne peuvent plus aller dans certaines zones pour vendre du fait de l’insécurité. Tout cela joue sur l’économie du Burkina Faso.
Les artisans de ces régions ne peuvent plus vendre leurs produits ?
Tout à fait. Puisque ce sont les touristes leurs premiers clients. Aujourd’hui, ce n’est plus possible d’y aller.
Vous abordez aussi la question de la gouvernance au Burkina Faso et faites des propositions pour l’améliorer.
Pour une bonne gouvernance, je propose surtout qu’il y ait beaucoup de contrôle interne afin de lutter contre la corruption. Car vous savez, la corruption est un fléau qui gangrène le Burkina Faso. C’est vrai qu’il y a l’Autorité supérieure de contrôle de l’Etat qui fait le travail avec les inspecteurs de contrôle dans les différents ministères. Il faut donc leur donner assez de moyens pour éradiquer ce fléau qui mine l’économie du Burkina.
Vous saluez l'initiative du président de transition Paul-Henri Damiba qui a instruit un audit général dans l'administration ?
Absolument. Il y a de l’argent que les gens ont certainement détenu ou blanchi. Et je pense qu’il faut récupérer ce que les gens ont pris indûment. Cela peut donner aussi des leçons aux autres pour ne pas recommencer.
Quelle place occupe aujourd'hui le Burkina Faso sur la scène africaine et internationale alors que le pays est replongé dans les coups d'Etat militaires en début d'année ?
Le Burkina reste toujours le Burkina. C’est vrai qu’il y a eu le coup d’Etat, mais je pense que tout le monde a suivi un peu ce qui nous a amené là. Il y avait vraiment des soucis pour régler cette affaire d’insécurité au niveau du pays. C’est vrai également que sur le plan international, l'image peut être écornée, mais je pense que les choses vont rentrer dans l’ordre sous peu. Le nouveau pouvoir va prendre les choses en main et le pays va retrouver sa situation d’antan.
Est-ce que la voix du Burkina Faso est aujourd’hui audible dans la sous-région ouest-africaine ?
Le Burkina demeure toujours un grand pays au niveau de la sous-région. On a connu de grands hommes comme Thomas Sankara qui laissent encore des traces ici. Je pense que les choses vont se normaliser pour qu’Il retrouve sa grandeur d'autrefois.
Vous présentez aussi la Chine à vos lecteurs avec les différentes dynasties qui ont régné sur cette grande puissance. Quel est aujourd’hui l’état des relations entre Pékin et Ouagadougou après les deux parenthèses avec Taïwan de 1961 à 1973 puis de 1994 à 2018 ?
Je pense que les relations sont très bonnes. Elles datent de depuis 1970. En 1994 parce que le président Compaoré cherchait des entrées pour financer les six engagements (éducation, santé environnement, agriculture …), le pays est allé vers Taiwan. L’ancien président Roch-Marc Christian Kaboré a voulu rectifier le tir et a rétabli les relations entre la Chine et le Burkina le 26 mai 2018. Et ça fonctionne bien. Sur le plan de la santé par exemple, on connait l’apport de la Chine pour lutter contre la pandémie de la Covid-19. Il y a le « projet Mil » avec la Chine, pour augmenter la productivité au niveau de l’agriculture. Côté santé, il y a la construction de l'hôpital de référence de Bobo-Dioulasso par la Chine. Conclusion, je me dis que tout va bien.
Vous dites d'ailleurs que la Chine est aujourd'hui un partenaire sûr du Burkina Faso.
Oui, partenaire sûr. Les détails se trouvent dans le livre.
« La Chine est un partenaire sûr du Burkina », Adama Coulibaly (Auteur)
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