Depuis le coup d'Etat du chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, qui a mis fin le 25 octobre au partage du pouvoir avec les civils, le pays, l'un des plus pauvres au monde, ne cesse de s'enfoncer dans le marasme politique et économique. Khartoum ne reçoit plus aucune aide internationale --40% de son budget avant le putsch-- et la répression des manifestants pro-démocratie a fait 101 morts et plus de 5.000 blessés, selon des médecins. Mercredi, un journaliste de l'AFP a vu les forces de sécurité tirer de nouveau des grenades lacrymogènes sur des centaines de manifestants dans le remuant quartier de Bourri, à Khartoum. Plus tôt le matin, l'ONU, l'Union africaine -- qui a suspendu le Soudan depuis le putsch -- et l'organisation régionale est-africaine Igad avaient ouvert un dialogue censé relancer la transition démocratique entamée avec la chute en 2019 du dictateur Omar el-Béchir. Si les militaires et les anciens commandants rebelles armés qui se sont ralliés ont répondu présents, les principaux blocs civils ont boycotté une réunion qui, selon eux, "n'a rien à voir avec la nature de la crise" et intervient alors que le climat politique propice n'est "pas encore prêt". Pour ces raisons, les Forces de la liberté et du changement (FLC), principal bloc civil du gouvernement limogé brutalement par le général Burhane lors de son putsch, et le parti Oumma, le plus ancien du Soudan, ont boycotté ce dialogue auquel appellent depuis mars les organisations internationales. De même que les "comités de résistance", ces groupes qui organisent la mobilisation anti-putsch dans chaque quartier ou localité du Soudan. "Il ne faut pas laisser passer ce moment", a malgré tout plaidé mercredi lors d'une conférence de presse à Khartoum l'émissaire de l'ONU, Volker Perthes, appelant à "faire plus". "Nous demandons à tous de travailler ensemble de bonne foi", a-t-il ajouté, alors que chaque semaine des milliers de Soudanais continuent de défiler au risque de leur vie pour réclamer un gouvernement civil dans un pays où l'armée a quasiment toujours été aux commandes depuis l'indépendance en 1956. L'émissaire de l'Igad, Ismaïl Wais, a de son côté répété que "la porte restait ouverte" à tous ceux qui n'ont pas jusqu'ici rejoint ces négociations. "Comme facilitateurs, nous ne pouvons pas imaginer une solution politique sans la participation" des acteurs absents, a abondé Mohamed Lebatt, l'émissaire de l'Union africaine. Mardi soir, le général Burhane avait qualifié cette rencontre d'"occasion historique", s'engageant "à mettre en oeuvre ce qui naîtra du dialogue" après avoir levé la semaine dernière l'état d'urgence qu'il avait imposé lors de son coup d'Etat. Il faut, ont détaillé dans un communiqué mardi les ambassades occidentales à Khartoum, "en finir définitivement avec l'emploi de la force face aux manifestants, avec les lois d'exception (...) et libérer les prisonniers politiques". Cela permettra "à la communauté internationale de revenir à son engagement d'accompagner le Soudan", où l'ONU anticipe déjà que près d'un habitant sur deux souffrira de la faim d'ici fin 2022.
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