Krump, afro-brock, Ndombolo, hip-hop ou conto: le collectif "Afropolis tribe" (la tribu de l'Afropolis - du grec polis, cité) veut faire découvrir à tous de nombreuses danses de "sensibilité africaine", selon le chorégraphe et danseur Qudus Onikeku, né en 1984, qui a lancé le projet il y a cinq ans à Lagos, port du sud-ouest du Nigeria dont il est originaire.
Pendant une semaine, au Festival de Marseille, soixante artistes et techniciens membre de l'"Afropolis tribe" créent un spectacle "100% Afro" à La Friche de la Belle de mai, centre culturel bouillonnant d'un quartier défavorisé.
"Il n'existe pas de +danse africaine+ à proprement parler, il y a des danses en Afrique", considère Qudus Onikeku, observant qu'"on peut voir qu'entre Abidjan, Accra, Lagos, Johannesburg, Luanda et Maputo, la danse est différente".
"Je veux réapproprier l'appropriation faite à l'encontre des cultures d'Afrique à travers le terme +afro+", affirme le chorégraphe, pour qui le concept d'"afro-danse" réduit la diversité de ces pratiques.
"Nous complexifions ce concept: nous avons 60 personnes différentes avec des idées différentes de ce qu'est l'Afrique en 2022", revendique l'artiste qui a débuté très jeune la danse, d'abord urbaine et traditionnelle, avant de se former en France à la danse contemporaine et aux arts du cirque.
"La danse dans l'Afrique d'aujourd'hui se crée à l'échelle des villes.Chacune a sa propre énergie", esquisse le danseur, revenu en 2014 au Nigeria pour fonder un centre de création et de formation.
"Mon travail d'artiste est de suivre la manière dont ces danses (africaines) s'expriment", explique-t-il, affirmant que son objectif est d'"amener des gens de différentes sensibilités et manières de bouger à se rencontrer et produire un choc créatif".
- "On crée de la magie" -
"On crée de la magie ici", estime la danseuse et chorégraphe nigériane Adila Omotosho qui accompagne durant une semaine une dizaine de danseurs et musiciens, membres d'Afropolis Tribe, dans des classes où doivent se mêler conto, danse de rue originaire de Lagos et des éléments d'afro-house particulièrement populaire en Angola et en Afrique du Sud.
"Rien n'est préparé.Quand on arrive, personne ne sait ce qu'il va faire", raconte-t-elle entre deux séances d'"Idon", "performance et magie" en Yoruba, l'une des langues officielles du Nigeria.
Membre de l'"Afropolis tribe" depuis sa fondation en 2017, elle conçoit ce réseau comme "un espace pour communiquer.C'est là qu'on se rassemble, qu'on partage, qu'on donne vie" à des créations lors de rencontres et virtuellement.
La pandémie de Covid-19 a poussé le collectif à se doter de sa propre plateforme, du même nom, qui rassemble aujourd'hui "12.000 membres actifs" échangeant loin des réseaux sociaux, jugés "prédateurs" à l'égard des données personnelles.
"C'est un mouvement pour faire de l'art, former une communauté, avec aussi de nouvelles technologies et de nouvelles façons de s'organiser" plus horizontales, explique son fondateur M. Onikeku qui a aussi pratiqué la danse japonaise buto et le tai-chi.
"A l'image d'un aéroport, ce n'est pas une destination mais un endroit où on récupère ou dépose quelque chose en passant, avant d'aller vers un autre endroit", renchérit Adila Omotosho.
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