L'hôpital de Mamfe, dans la région du Sud-Ouest anglophone de ce pays d'Afrique centrale à majorité francophone, a pris feu dans la nuit de mercredi et jeudi, "incendié par de présumés séparatistes armés", selon la CRTV, la radio-télévision d'Etat. Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, peuplées principalement par la minorité anglophone du Cameroun, sont le théâtre d'une guerre meurtrière entre des groupes armés réclamant leur indépendance et des forces de sécurités massivement déployées. Le conflit qui a fait plus de 6.000 morts depuis fin 2016 et forcé plus d'un million de personnes à se déplacer, selon l'ONG International Crisis Group (ICG). Les rebelles séparatistes comme les militaires et les policiers sont régulièrement accusés par l'ONU et les ONG internationales de crimes contre les civils. "L'hôpital a été incendié par des bandes armées qui se sont d'abord attaquées aux éléments des forces de l'ordre habituellement déployées devant l'établissement", a affirmé à l'AFP un haut responsable de l'administration locale, qui a requis l'anonymat. "Les quarante-cinq malades hospitalisés ont pu être sortis et transférés dans un autre hôpital. Il n'y aucune perte en vie humaine", a-t-il poursuivi. "Des coups de feu ont été tirés près de l'hôpital, et ensuite le bâtiment a pris feu et tout a été détruit", a déclaré à l'AFP par téléphone, sous couvert de l'anonymat, un médecin à l'hôpital de Mamfe. Une partie de la population anglophone s'estime marginalisée par la majorité francophone de ce pays dirigé d'une main de fer depuis près de 40 ans par le président Paul Biya, 89 ans. En mai 2020, Ashu Priestley Ojong, maire anglophone de la commune de Mamfe, avait été assassiné par des séparatistes. Les civils sont pris en étau entre les militaires et les séparatistes armés, lesquels attaquent régulièrement des écoles auxquelles ils reprochent d'enseigner en français, et tuent des fonctionnaires, dont des enseignants, qu'ils accusent de "collaborer" avec Yaoundé. Mardi, le ministère de la Défense a annoncé que des soldats avaient tué début juin neuf civils, dont un bébé, dans la région du Nord-Ouest, l'armée reconnaissant une "réaction disproportionnée" de ses hommes.
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