Ethiopie: la rébellion oromo nie à nouveau avoir massacré des civils

Infos. La rébellion éthiopienne de l'Armée de libération oromo (OLA) a nié mardi être responsable du massacre de civils perpétré la veille dans la région de l'Oromia, et a mis en cause une milice alliée du gouvernement avec la complicité passive des forces de sécurité.

Ethiopie: la rébellion oromo nie à nouveau avoir massacré des civils

Lundi soir, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a accusé, sans autres détails, l'OLA d'avoir massacré des civils dans la zone administrative de Qellem Wollega, dans l'extrême ouest de l'Ethiopie. "Le régime pense qu'il peut simplement montrer du doigt et ne rendre de compte à personne", a réagi sur Twitter Odaa Tarbii, porte-parole de l'OLA. "Deux divisions de l'ENDF (l'armée fédérale éthiopienne, ndlr), en compagnie de forces alliées, occupent les localités de Qellem Wollega, dont (celle) où des civils ont été tués en masse par des milices du régime pendant que les forces de sécurité restaient passives", a-t-il affirmé. Le porte-parole de l'OLA a réclamé des "enquêtes indépendantes" afin que "Abiy et consorts répondent de leur cruauté". L'OLA avait déjà été accusée par les autorités et par des survivants d'avoir tué plusieurs centaines de villageois amhara le 18 juin dans le hameau de Tole, situé dans la zone de Ouest Wollega, voisine de celle de Qellem Wollega et également en Oromia. Le groupe rebelle qui combat le gouvernement fédéral depuis 2018 en Oromia - la plus vaste et peuplée région d'Ethiopie - avait déjà démenti et accusé alors une milice progouvernementale du massacre. Le 30 juin, quelques jours après le massacre de Tole, le porte-parole du gouvernement Legesse Tulu avait affirmé à la presse que "les districts des zones (administratives) de Qellem Wollega, Ouest Wollega et d'Horo-Guduru Wollega sont passés sous le contrôle total de nos forces conjointes de sécurité". Lundi soir, Daniel Bekele, chef de la Commission éthiopienne des droits de l'Homme - institution publique mais statutairement indépendante -, a appelé à un "renforcement urgent des forces gouvernementales pour empêcher d'autres morts civiles" dans cette zone de l'Oromia. Il a dénoncé "l'insécurité incessante dans la zone et ce qui s'apparente à une tuerie ethniquement ciblée". Selon l'Association amhara d'Amérique (AAA), basée aux Etats-Unis, qui dit avoir parlé à des survivants, le nouveau massacre, commis dans le "village 20", visait comme précédemment des Amhara, la deuxième plus importante communauté ethno-linguistique du pays après les Oromo. Il a commencé à l'aube lundi et a duré plusieurs heures, selon AAA. M. Abiy n'a donné aucun bilan, mais un survivant anonyme, interrogé par l'Amhara Media Corporation - média du gouvernement de la région de l'Amhara voisine - a fait état lundi d'au moins 300 cadavres déjà collectés dans le village. Aucun bilan officiel de la tuerie de Tole n'a non plus été publié, mais Billene Seyoum, une porte-parole du Premier ministre, a indiqué le 30 juin à la presse que 338 victimes avaient d'ores et déjà été identifiées.

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