Détenu de 2002 à 2008 dans la prison militaire à la sinistre réputation de Guantanamo, sur l'île de Cuba, Saber Lahmar, 52 ans, a été innocenté par la justice américaine et accueilli par la France le 1er décembre 2009. Il comparaît devant un tribunal parisien pour association de malfaiteurs terroriste délictuelle, avec un autre prévenu, soupçonnés de propagande jihadiste et d'avoir incité plusieurs aspirants au jihad, au départ en Irak ou en Syrie. Dans le box, M. Lahmar s'est présenté avec un masque chirurgical et un haut de survêtement noir, paré de lunettes, les cheveux coupés ras. Lors de son interrogatoire de personnalité, il s'est défendu de ces accusations, s'exprimant en arabe: "je suis conscient de pourquoi je suis ici; ce n'est pas Salim Machou ou Othman Yekhlef". Saber Lahmar est soupçonné d'avoir favorisé le départ de ces deux hommes pour les rangs du groupe Etat islamique en 2015. Othman Yekhlef est considéré comme "mort sur zone" depuis la fin 2015, tandis que Salim Machou, parti avec sa femme et ses quatre enfants, est l'un des sept Français condamnés à mort en 2019 par la justice irakienne pour leur appartenance au groupe Etat islamique. "Ma religion m'a conduit ici", a poursuivi ce musulman passé par l'université de Médine, en Arabie saoudite. L'intéressé prend alors la parole en français et rappelle cet élément hors du commun de son profil, interprété d'après lui à charge : "J'ai fait Guantanamo". Il rebascule en arabe : "Pour la justice, c'est convainquant. Mais je ne pense pas qu'on puisse jouer avec la justice en ce sens". "Aujourd'hui, je suis en détention car j'ai connu quelqu'un qui est parti en Syrie", Salim Machou. "Mais il peut aller où il veut, sur la Lune ou sous terre, ce n'est pas mon problème, je ne suis responsable de personne, que de moi-même (...). Je ne suis pas là pour être le guide d'untel ou d'untel", s'est encore défendu le prévenu. La justice reproche également à ce supposé "guide religieux" un "ancrage dans l'islam radical" avec des "propos très violents" lors de prêches "s'en prenant aux juifs, appelant à tuer les apostats et au martyre" qui auraient été tenus dans une mosquée mais aussi dans une salle de prière clandestine dans l'ouest de la France. Il est aussi soupçonné d'avoir entretenu des liens avec plusieurs figures du jihadisme en France. Le procès doit se tenir jusqu'à vendredi.
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