"Non à l'abandon de la province de la Kompienga", "A bas le mensonge d'Etat", ont scandé des centaines de femmes et d'hommes, devant le siège des autorités administratives de la province, selon des médias locaux. Les manifestants ont dénoncé "l'avancée du terrorisme à grand pas (qui) nous mène vers la disparition totale de la province de la Kompienga", appelant à "vite agir pour stopper ce phénomène", dans une lettre dont l'AFP a eu copie, adressée au Haut-commissaire, la plus haute autorité de la province. Le courrier, signé par des autorités religieuses, des organisations de la société civile et des chefferies traditionnelles, dénonce "une grande négligence et un délaissement de la part de l'Etat". Il pointe également "la fuite de toutes les autorités administratives et politiques de la province", vers la ville de Fada N'Gourma, chef-lieu de la région voisine de l'Est. "L'Etat, le gouvernement (...) nous ont laissé à la merci des terroristes qui nous exécutent selon leur humeur", poursuit encore le courrier. Depuis février 2022, les antennes téléphoniques et les lignes électriques ont été sabotées par les groupes armés jihadistes qui contrôlent également les principaux axes de cette province frontalière du Togo et du Bénin. "Cela fait cinq mois que la province de la Kompienga est coupée du reste du Burkina, assiégée par les groupes armés", écrivent les manifestants. Il s'agit de la première manifestation de cette ampleur au Burkina Faso, depuis la prise de pouvoir fin janvier du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, dans un coup d'Etat. Il avait renversé le président élu, Roch Marc Christian Kaboré, accusé par une grande partie de la population d'être inefficace face aux attaques jihadistes meurtrières qui touchent régulièrement le nord et l'est du pays. Mais après une brève accalmie, les attaques jihadistes perpétrées par des mouvements affiliées à Al-Qaïda et à l'Etat islamique ont repris, faisant plus de 200 morts, civils et militaires ces trois derniers mois. Depuis 2015, la violence jihadiste a fait plus de 2.000 morts et 1,9 millions de déplacés dans le pays.
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