Le juriste chargé de la rédaction du projet de cette Constitution, Sadok Belaïd, avait affirmé dans un entretien à l'AFP le 6 juin qu'il présenterait au président Kais Saied un projet de charte expurgée de toute référence à l'islam, pour combattre les partis d'inspiration islamiste comme Ennahdha. "80% des Tunisiens sont contre l'extrémisme et contre l'utilisation de la religion à des fins politiques. C'est précisément ce que nous allons faire tout simplement gommant l'article 1 dans sa formule actuelle", avait-il dit à l'AFP. "Si vous utilisez la religion pour faire de l'extrémisme politique, eh bien nous l'interdirons", avait-il ajouté en référence à Ennahdha. Ses propos ont suscité un vif débat dans le pays, dont la Constitution actuelle datant de 2014, tout comme celle de 1959, stipulent dans leur premier article que la Tunisie "est un Etat libre, indépendant et souverain, l'Islam est sa religion, l'arabe sa langue". Dans un communiqué de son bureau exécutif, Ennahdha a "mis en garde contre toute tentative de porter atteinte aux principes fondamentaux du peuple, à son identité arabe et musulmane, ou au caractère civil de l'Etat". Ennahdha, bête noire du président Saied et première force dans le Parlement qu'il a dissous en s'emparant des pleins pouvoirs il y a onze mois, a condamné la remise en cause de "questions que le peuple a tranchées dès l'Indépendance et les a incluses dans la Constitution de la révolution (en 2014), ainsi que les viles tentatives des les instrumentaliser contre les dissidents". Après des mois de blocage politique, M. Saied, élu démocratiquement fin 2019, s'est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021 en limogeant le Premier ministre et en suspendant le Parlement. Dans une feuille de route censée sortir le pays de la crise, M. Saied a annoncé un référendum sur une nouvelle Constitution le 25 juillet 2022, avant des législatives le 17 décembre. Réitérant son appel à boycotter le référendum, Ennahdha a estimé dans son communiqué que cette consultation "vise à falsifier la volonté du peuple pour donner une légitimité factice au pouvoir tyrannique d'un seul homme".
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