"Depuis le début de cette année, nous avons constaté une détérioration de la zone des trois frontières (aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso) avec des effets conséquents sur les régions de Ménaka et de Gao", sur fond de redéploiement des forces françaises Barkhane et européenne Takuba, a dit El-Ghassim Wane. Récemment en visite à Ménaka, le responsable de l'ONU a déclaré que ses "interlocuteurs n'avaient pas exclu une attaque contre la ville (...) où 5.000 déplacés ont trouvé refuge". "Si ce scénario devait se concrétiser, la base de la Minusma risque d'être perçue comme le dernier refuge pour les civils fuyant la violence", a-t-il estimé. "Avec un minimum de forces maliennes dans la région et quelque 600 soldats de la paix disponibles pour protéger les civils, le personnel et les biens de l'ONU, la capacité de la Minusma à organiser une réponse efficace est limitée", a averti El-Ghassim Wane. L'armée française a quitté lundi sa base militaire de Ménaka, avant-dernière étape de son retrait du pays. Devant le Conseil de sécurité, la France a proposé "de poursuivre" son soutien aérien à la Minusma "de l'extérieur" après son départ. "Ce soutien est nécessaire à la Minusma et à la protection des Casques bleus", a fait valoir l'ambassadeur français à l'ONU, Nicolas de Rivière. Un accord à cet égard aurait pu être conclu avec le Mali à l'occasion du renouvellement ce mois-ci du mandat de la Minusma, expirant le 30 juin. Mais le Mali y a opposé lundi un refus catégorique. - Refus des avions français - "Le Mali s'oppose fermement à tout soutien aérien que Barkhane pourrait apporter à la mission (Minusma) sur le territoire malien", a affirmé à l'AFP à l'issue de la réunion Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères. Après le retrait unilatéral de la France du Mali et la dénonciation des accords de défense bilatéraux par Bamako, "il n'y a ni cadre politique, ni base juridique pour une telle intervention", a-t-il ajouté, en promettant que le Mali contribuera à la sécurité des Casques bleus sur son sol. Devant le Conseil, l'ambassadeur américain adjoint à l'ONU, Richard Mills, a martelé que "le Mali devait permettre à la Minusma de faire son boulot", en déplorant les restrictions aériennes imposées par Bamako aux aéronefs onusiens, contraints à de longs préavis ou même des interdictions de survol de zones. Abdoulaye Diop a démenti. "Le gouvernement malien n'a pris aucune mesure restrictive", a-t-il dit, évoquant des conséquences des sanctions régionales contre son pays. Ambassadrice adjointe de la Russie à l'ONU, Anna Evstigneeva, dont le pays est devenu un partenaire principal pour Bamako depuis le retrait français, a assuré que la coopération russo-malienne avait "déjà porté ses fruits". "Les régions du nord et du centre sont en train d'être libérés des groupes armés", a-t-elle déclaré, le ministre malien avançant une "nette amélioration de la situation politique, sécuritaire". La Minusma compte quelque 12.000 Casques bleus au Mali, plongé dans la tourmente depuis le déclenchement d'insurrections jihadiste et indépendantiste en 2012. C'est l'une des missions les plus chères pour l'ONU et la plus meurtrière au monde pour ses membres, avec plus de 170 militaires tués dans des actes hostiles depuis sa création en 2013.
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