A 300 mètres des forces pro-Kadhafi, les rebelles libyens nettoient leurs armes, taquinent un chat, dorment à l'ombre.Mais soudain, une offensive des forces de Kadhafi met fin à la tranquillité éphémère qui régnait sur Misrata.
L'attaque lancée dimanche sur le port se poursuivait lundi avec la tentative de plusieurs chars des forces pro-Kadhafi d'entrer dans cette cité d'un demi-million d'habitants, en la bombardant.
Dimanche avait démarré par une frappe gouvernementale sur le port, à 12 km à l'est de la ville insurgée cernée par les loyalistes.
Puis le calme est revenu dans Misrata écrasée de chaleur.
Dans les faubourgs sud-ouest, à Al Ghiran, près de l'aéroport où les combats se concentrent depuis plusieurs jours, une cinquantaine de combattants rebelles paressent dans une maison.
"On attend les ordres pour bouger", confie un insurgé.Quelques explosions intermittentes se font entendre, la plupart des combattants s'abritent dans le bâtiment, ainsi qu'une équipe médicale qui les accompagne, comme tous les jours, au front.
Vers 13H00, une violente détonation assomme les occupants de la maison: elle vient d'être frappée par un RPG.Affolement, on fuit l'atmosphère irrespirable en hurlant "Allah akbar", avant de retourner dans le bâtiment pour voir s'il y a des victimes.
L'ambulance garée devant la porte d'entrée grande ouverte a protégé le groupe de l'impact et des shrapnels.
Mais sept hommes qui se trouvaient dans la rue ont été touchés.Deux sont morts, dont l'un atrocement déchiqueté, cinq sont blessés.
Les médecins prodiguent rapidement les premiers soins, chargent les blessés dans des pick-up et démarrent en trombe vers l'hôpital.
Les bombardements s'intensifiant, le groupe de combattants, accompagné de deux journalistes de l'AFP, s'éloigne.
Un pilonnage intensif s'ensuit, d'abord à Al Ghiran, puis sur le port, où les projectiles pleuvent par dizaines, voire par centaines.
Ce dernier, essentiel pour l'approvisionnement en armes et aide humanitaire de la ville dont tous les accès terrestres sont coupés, subit plus de trois heures de frappes ininterrompues, jusque vers 21H00 (19H00 GMT).
"Les dégâts sont énormes" dans les installations en flammes, confie un rebelle présent au moment de l'attaque.Au moins deux rebelles gardant l'entrée du port sont tués.
Parmi les centaines de réfugiés africains attendant leur évacuation dans un camp de tentes misérables proche du port, quatre blessés graves sont signalés au principal hôpital de la ville: deux Nigériens, dont l'un restera paralysés, et deux Egyptiens.
"Nous n'avons pas beaucoup d'informations concernant les réfugiés", admet lundi une source médicale, disant craindre plus de victimes.
Un bateau humanitaire turc qui se trouvait dimanche dans la rade "a mis les gaz et quitté le port aussi vite qu'il le pouvait", raconte un journaliste occidental ayant assisté à la scène."Les roquettes explosaient dans l'eau à quelques mètres mais le navire ne semble pas avoir été touché".
Lundi matin, la sécurité restait incertaine au port de Misrata: bien que l'Otan ait annoncé avoir neutralisé des mines marines mouillées par les pro-Kadhafi, d'autres engins se trouveraient toujours au large de la cité.
Depuis l'aube, Misrata est pilonnée par l'artillerie et des chars gouvernementaux qui tentent d'y pénétrer par le sud-ouest, où commence la rue de Tripoli.Les combats s'étaient concentrés pendant plus de six semaines sur cette grande artère et n'avaient cessé que le 24 avril, lorsque les pro-Kadhafi avaient été chassés de la ville.
Le régime libyen avait offert vendredi une amnistie aux rebelles de Misrata s'ils déposaient les armes, précisant que l'offre était valable jusqu'à mardi.
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