L'accord a été scellé lors d'entretiens à Rabat entre la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson, le ministre espagnol de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska et son homologue marocain Abdelouafi Laftit. "Tout en mettant en exergue les résultats probants de leur coopération basée sur la responsabilité partagée dans le domaine migratoire, ils ont convenu de rénover leur partenariat pour faire face, ensemble, aux réseaux de trafic des personnes, notamment suite à l'émergence de nouveaux modes opératoires extrêmement violents adoptés par ces réseaux criminels", affirme un communiqué conjoint. "La commissaire et les ministres déplorent tous les décès des personnes qui essaient d'émigrer irrégulièrement, y inclus ceux qui ont eu lieu lors des derniers évènements douloureux du 24 juin 2022", ajoute le communiqué qui regrette également les blessés, "y compris parmi les forces de l'ordre marocaines et espagnoles". La visite éclair des responsables de l'UE et espagnol à Rabat survient à la suite de la tentative de passage en force de quelque 2.000 migrants en situation irrégulière, en majorité des Soudanais, à Melilla à partir du territoire marocain. La tentative a fait 23 morts parmi les migrants, selon les autorités marocaines, "au moins 37", selon des ONG, ainsi que des dizaines de blessés, dont 140 dans les rangs des forces de l'ordre marocaines et une cinquantaine chez les policiers espagnols. Ce bilan humain est le plus lourd jamais enregistré aux frontières entre le Maroc et les deux enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, les seules frontières de l'UE sur le continent africain. "Ces évènements, outre leur dimension de tragédie humaine, démontrent l'extrême dangerosité et violence des réseaux de trafic de personnes qui sont prêts à tous les risques", souligne le communiqué conjoint, qui salue "la gestion migratoire" du Maroc. Ils ont déclenché l'indignation internationale, et l'ONU comme l'Union africaine (UA) ont dénoncé "un usage excessif de la force" et réclamé l'ouverture d'une enquête, des appels soutenus par l'UE. Deux enquêtes sont en cours en Espagne tandis qu'au Maroc une "mission d'information" a été ouverte par le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), un organisme officiel. En outre, 65 migrants y sont poursuivis devant la justice, notamment pour "entrée illégale sur le sol marocain". Le nouveau partenariat entre la Commission et le Maroc "pourra couvrir notamment le soutien à la gestion des frontières, le renforcement de la coopération policière, y compris les enquêtes conjointes, (...) ainsi que le renforcement de la coopération avec les agences de l'Union européenne chargées des affaires intérieures", est-il précisé. Si le Maroc a critiqué un "acte prémédité d'une violence inhabituelle" des clandestins, des ONG de défense des droits humains ont fustigé "la brutalité" des forces de l'ordre marocaines. Cet énième drame migratoire aux portes de l'UE a eu lieu après que Madrid et Rabat ont normalisé à la mi-mars leurs relations à la suite d'une brouille diplomatique de près d'un an à propos de la question du territoire disputé du Sahara occidental. Pour Madrid, cette normalisation a pour but principal de s'assurer de la "coopération" du Maroc dans le contrôle de l'immigration illégale. Le Maroc est "un partenaire loyal et fiable" de l'Espagne et de l'UE, a répété vendredi M. Grande-Marlaska.
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