Gambie: Amnesty, HRW pressent le gouvernement sur les crimes de l'ère Jammeh

Infos. Amnesty International, Human Rights Watch et d'autres défenseurs des droits ont pressé vendredi le gouvernement gambien de faire en sorte que l'ancien dictateur Yahya Jammeh soit jugé pour les crimes commis sous son régime.

Gambie: Amnesty, HRW pressent le gouvernement sur les crimes de l'ère Jammeh

Amnesty, HRW et 14 autres organisations ont co-signé une lettre adressée au ministère de la Justice et publiée à l'approche d'une prise de position très attendue du gouvernement. Le gouvernement de ce petit pays pauvre d'Afrique de l'Ouest a théoriquement jusqu'au 25 mai pour se prononcer sur les recommandations produites six mois auparavant par une commission qui a enquêté pendant plus de deux ans sur les méfaits perpétrés sous M. Jammeh entre juillet 1994 et janvier 2017. La commission "a établi que des crimes contre l'humanité avaient été commis et que Yahya Jammeh et 69 autres personnes nommément désignées étaient responsables de 44 sortes de crimes, dont des assassinats, des actes de torture, de viol et de violence sexuelle et des disparitions forcées; (elle) a appelé à ce qu'ils soient poursuivis", disent les signataires. "Le gouvernement doit donc veiller à ce qu'on mette suffisamment de moyens à disposition pour mener rapidement des investigations rigoureuses et impartiales et pour poursuivre dans un délai raisonnable les auteurs présumés au cours de procès équitables devant un tribunal indépendant et impartial, sans recours à la peine de mort", disent-ils. Les autorités sont supposées répondre aux recommandations de la commission sous la forme d'un Livre blanc. Les défenseurs des droits réclament que la procédure se déroule dans la transparence et que les victimes soient associées à la décision. Entre 240 et 250 personnes sont mortes entre les mains de l'Etat et de ses agents, selon la commission. Des organisations de la société civile avaient publié leur propre "Livre blanc" la semaine passée. Pour elles aussi, Yahya Jammeh et les 69 personnes désignées doivent rendre des comptes. Depuis la remise du rapport de la commission en novembre 2021, le président Adama Barrow, dont l'élection en 2016 avait mis fin à plus de 20 ans de dictature, n'a pas donné d'indication claire sur ses intentions. Son prédécesseur Jammeh, en exil en Guinée équatoriale, continue d'influer sur la vie politique. M. Barrow a été réélu en décembre 2021 après un accord entre son parti et celui de M. Jammeh. Le président a aussi choisi en avril un ancien allié de M. Jammeh pour présider le Parlement nouvellement élu.

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