Tunisie: le Front du salut réitère son appel au boycott du référendum constitutionnel

Infos. Le Front du salut national, une coalition de formations politiques dont le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, a renouvelé lundi son appel à boycotter le 25 juillet un référendum sur la Constitution prévu en Tunisie, malgré une nouvelle version préparée par le président Kais Saied.

Tunisie: le Front du salut réitère son appel au boycott du référendum constitutionnel

"Nous appelons les Tunisiens à boycotter un processus illégal, anticonstitutionnel qui vise à légitimer un coup d'Etat", a dénoncé auprès de l'AFP Ahmed Nejib Chebbi, fondateur et président du FSN, en marge d'une conférence de presse à Tunis. Figure politique de gauche, M. Chebbi, 77 ans, estime que le texte proposé par M. Saied veut "légitimer un régime présidentialiste, c'est-à-dire le pouvoir d'un seul" homme, via une nouvelle Constitution. En juillet 2021, le président tunisien s'est arrogé les pleins pouvoirs en limogeant le Premier ministre et en suspendant le Parlement, qu'il a finalement dissous fin mars, faisant vaciller la jeune démocratie tunisienne, berceau du Printemps arabe. Jawhar Ben Mbarek, leader du mouvement "Citoyens contre le coup d'Etat", et membre du FSN, a appelé lui aussi "les Tunisiens à rejeter massivement ce référendum", en le boycottant. "Nous tenons à la Constitution de 2014 que nous considérons comme l'unique Constitution représentative de la volonté du peuple tunisien", a-t-il ajouté. M. Chebbi a quant à lui jugé que dans le nouveau texte, "la garantie des libertés disparaît. C'est pour moi la quintessence d'une mauvaise Constitution". Face aux nombreuses critiques, le président Kais Saied avait publié dans la nuit de vendredi à samedi une version un peu amendée de son projet initial de nouvelle Constitution. La nouvelle mouture introduit la nécessité du respect du "système démocratique" dans deux articles, l'un portant sur la place de l'islam et l'autre sur de possibles restrictions aux droits et libertés. Pour le reste, M. Saied n'a pas modifié les grandes lignes du projet controversé, qui marque une rupture radicale avec le système parlementaire en place depuis 2014. Le juriste Sadok Belaid, qui avait été chargé par le président de rédiger un projet finalement écarté, a critiqué un texte qui pourrait "ouvrir la voie à un régime dictatorial". Le projet de M. Saied prévoit un président exerçant le pouvoir exécutif, appuyé par un chef de gouvernement qu'il désigne et peut révoquer, sans passer par le Parlement. Le rôle du Parlement est fortement réduit et une nouvelle chambre des régions est créée pour contrebalancer le poids de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP).

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