Affamés mais vivants, les réfugiés du port de Misrata sont des miraculés

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MISRATA (Libye) (AFP)

Presque un miracle: aucun des 861 travailleurs étrangers recensés au port de la ville libyenne rebelle de Misrata n'a été tué dimanche, malgré un bombardement intense de plus de 3 heures."Quand toutes ces bombes sont tombées, tout le monde est devenu fou", confie l'un d'eux.

Des sources médicales évoquent quatre blessés au port, deux Nigériens dont un, dans le coma, restera paralysé des jambes, et deux Egyptiens.Deux combattants rebelles qui montaient la garde ont également été tués, et sept blessés.

Mardi dernier, un Nigérien avait déjà péri lorsqu'une roquette avait frappé le camp de tentes de fortune des réfugiés, juste à côté du port.

Dans le local des autorités portuaires, la radio grésille.Un navire de l'Otan est au large, son message tourne en boucle: "si nous percevons un quelconque équipement militaire comme une menace pour la population de Misrata, nous le prendrons pour cible et nous le détruirons.Nous utiliserons tous les moyens de destruction nécessaires pour protéger les civils de Misrata".

Selon un décompte du Croissant rouge, ils sont encore 700 Nigériens, 36 Ghanéens, 49 Tchadiens, 24 Nigérians, 28 Soudanais, 15 Maliens et 9 Egyptiens à attendre leur évacuation par bateau humanitaire.Parmi eux, 71 femmes et enfants.Beaucoup sont malades, tous affamés et assoiffés.

Samuel Amporsal, 30 ans, tremble encore de cette soirée et cette nuit apocalyptiques, alors que rien ici ne permet de se protéger des roquettes et des obus."Quand toutes ces bombes sont tombées, tout le monde est devenu fou", raconte le Ghanéen.

De fait, dans une tente proche -- une bâche tendue sur des branches d'arbres--, un réfugié a les mains attachées: le choc de l'attaque lui a fait perdre la raison.

"Cet endroit est dangereux!(...) Ca tombe près!", s'énerve M. Amporsal."Un jour, ils bombarderont directement ici", sur ce terrain vague poussiéreux où s'entassent les ordures et les affaires abandonnées par les milliers d'étrangers déjà évacués par les navires humanitaires, "et tout le monde mourra".

Ancré au loin, un navire de l'Organisation internationales pour les migrations semble presque narguer les malheureux.Il attend le feu vert de l'Otan pour entrer dans la rade, non sécurisée pour le moment.

L'Alliance atlantique, dont les avions survolent quotidiennement la ville encerclée par les troupes gouvernementales, a repéré et neutralisé plusieurs mines marines.D'autres se trouveraient encore dans les eaux de Misrata, selon les rebelles.

Dimanche, un bateau turc au mouillage l'avait échappé belle.Lorsque l'artillerie pro-Kadhafi avait commencé son pilonnage en fin d'après-midi, le capitaine, n'écoutant que ses tripes, avait mis les gaz et quitté la rade au milieu des explosions de roquettes Grad, raclant la digue de pierre.

Des dizaines, sans doute des centaines de projectiles sont tombés sur le port, essentiel pour l'approvisionnement de la cité d'un demi-million d'habitants sous perfusion humanitaire.

Mouammar Kadhafi a menacé d'attaquer tout bateau tentant de s'y rendre.Il a aussi lancé un ultimatum aux rebelles de Misrata: ils ont jusqu'à mardi pour se rendre, sinon...Tous s'attendent au pire, les rumeurs les plus folles courent: Kadhafi serait prêt à utiliser des missiles Scud, des bombes incendiaires au phosphore, voire des gaz de combat.

Joseph Zawa n'en peut plus.Malade, affamé, assoiffé comme ses compagnons d'épouvante, il veut rentrer chez lui, au Nigéria."On a assez souffert, on veut partir.(...) Tous les jours ça tire!"

"Hier ils ont tiré du côté de la mer, à gauche, à droite...Tout le monde courait!Nous devons partir!Constamment, nous prions Dieu: Dieu, aide-nous dans cette situation", dit-il.

Lundi soir, les roquettes et obus tombaient à nouveau sur Misrata et ses faubourgs.De violentes explosions étaient audibles en direction du port.

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