"Nous appelons les Tunisiens à boycotter un processus illégal, anticonstitutionnel qui vise à légitimer un coup d'Etat", a dénoncé auprès de l'AFP Ahmed Nejib Chebbi, fondateur et président du FSN, en marge d'une conférence de presse à Tunis. Figure politique de gauche, M. Chebbi estime que le texte proposé par M. Saied veut "légitimer un régime présidentialiste, c'est-à-dire le pouvoir d'un seul" homme, via une nouvelle Constitution. En juillet 2021, le président tunisien s'est arrogé les pleins pouvoirs en limogeant le Premier ministre et en suspendant le Parlement, qu'il a finalement dissous fin mars, faisant vaciller la jeune démocratie tunisienne, berceau du Printemps arabe. Jawhar Ben Mbarek, leader du mouvement "Citoyens contre le coup d'Etat", et membre du FSN, a appelé lui aussi "les Tunisiens à rejeter massivement ce référendum", en le boycottant. "Nous tenons à la Constitution de 2014 que nous considérons comme l'unique Constitution représentative de la volonté du peuple tunisien", a-t-il ajouté. M. Chebbi a quant à lui jugé que dans le nouveau texte, "la garantie des libertés disparaît. C'est pour moi la quintessence d'une mauvaise Constitution". - "Dialogue national" - L'Union européenne a dit "prendre bonne note des craintes exprimées (par différents acteurs, ndlr) quant au projet (de nouvelle Constitution) et à son processus d'élaboration". Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a souligné, dans un communiqué, qu'"un dialogue national inclusif est la pierre angulaire de tout processus constitutionnel crédible et de la stabilité à long terme". Il a jugé essentiel de "rassembler le spectre le plus large possible d'acteurs politiques et sociétaux pour affronter les défis politiques, économiques et sociaux du pays". Face aux nombreuses critiques, le président Kais Saied avait publié dans la nuit de vendredi à samedi une version légèrement amendée de son projet initial de nouvelle Constitution. La nouvelle mouture introduit la nécessité du respect du "système démocratique" dans deux articles, l'un portant sur la place de l'islam et l'autre sur de possibles restrictions aux droits et libertés. Pour le reste, M. Saied n'a pas modifié les grandes lignes du projet controversé, qui marque une rupture radicale avec le système parlementaire en place depuis 2014. Le juriste Sadok Belaid, qui avait été chargé par le président de rédiger un projet finalement écarté, a critiqué un texte qui pourrait "ouvrir la voie à un régime dictatorial". Le projet de M. Saied prévoit un président exerçant le pouvoir exécutif, appuyé par un chef de gouvernement qu'il désigne et peut révoquer, sans passer par le Parlement. Le rôle du Parlement est fortement réduit et une nouvelle chambre des régions est créée pour contrebalancer le poids de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Vétéran de la scène politique, Ahmed Nejib Chebbi, a annoncé en avril la création du Front de salut national en espérant lancer un dialogue national sur des réformes destinées à "sauver le pays" de sa profonde crise après le coup de force du président Kais Saied.
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