L'accusation a requis vendredi la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre de l'accusé de 78 ans, qu'elle considère complice d'un massacre de Tutsi et auteur de quatre autres dans sa préfecture de Gikongoro. Cette région du sud du Rwanda a été l'une des plus touchées par le génocide qui a fait au moins 800.000 morts dans le pays entre avril et juillet 1994. Sa défense a plaidé lundi l'acquittement, appelant la cour d'assises de Paris au "choix du courage". Dans ses derniers mots aux magistrats et aux jurés avant qu'ils ne se retirent pour délibérer, l'ancien haut-fonctionnaire a tenu à s'adresser "aux rescapés du génocide". "Je voudrais leur dire qu'il ne m'est jamais venu à l'esprit de les abandonner aux tueurs", a déclaré Laurent Bucyibaruta, veste beige sur chemise bleu ciel, masque chirurgical sous le menton. "Est-ce par manque de courage ? Est-ce que je pouvais les sauver ? Ce sont des questions, même des remords qui me hantent depuis plus de 28 ans", a poursuivi l'ex-préfet, qui vit en France depuis 1997 et comparaît libre à l'audience. Il est jugé depuis le 9 mai pour génocide, complicité de génocide et complicité de crimes contre l'humanité, des accusations qu'il a toujours contestées. "Une chose est sûre: jamais je n'ai voulu la souffrance des Tutsi de ma préfecture. C'est vrai que je n'ai pas pu les sauver, ni eux, ni leurs familles, ni leurs amis", a reconnu l'accusé, enfoncé dans sa chaise. "Ce qui est certain, c'est que je n'ai jamais voulu leurs souffrances, je n'ai jamais été dans le camp des tueurs", a encore dit Laurent Bucyibaruta. L'ancien préfet, qui souffre de pathologies multiples, a été autorisé par la cour à "se rendre dans son lieu habituel de résidence à Paris pour y recevoir des soins" le temps des délibérations. Il est le plus haut responsable rwandais jugé en France pour le génocide des Tutsi. Le verdict est attendu dans la soirée.
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