Mardi soir, un avion spécialement affrété pour des centaines de milliers d'euros était prêt à décoller d'une base militaire anglaise, quand la CEDH, juridiction du Conseil de l'Europe veillant au respect de la Convention européenne des droits de l'Homme, a exprimé son opposition, infligeant un revers au gouvernement. "Il faut regarder les motifs" de cette décision, a affirmé Mme Patel au journal The Telegraph samedi. "Comment et pourquoi ont-ils pris cette décision ? Est-ce que c'était politiquement motivé ? Je pense que oui, absolument." "La façon opaque dont ce tribunal a opéré est absolument scandaleuse", a-t-elle affirmé. "Nous ne savons pas qui sont les juges, nous ne connaissons pas le panel (de juges), nous n'avons pas reçu de jugement", a-t-elle ajouté. La Cour basée à Strasbourg (est de la France) a estimé que la justice britannique devait examiner dans le détail la légalité du dispositif, ce qui est prévu en juillet, avant d'expulser des migrants. Le blocage de l'avion qui devait transporter des demandeurs d'asile vers le Rwanda, dans le cadre d'une politique controversée et critiquée par les associations de défense des droits humains, est intervenu après de multiples recours individuels en justice qui ont donné raison aux migrants. En voulant se décharger de sa responsabilité d'accueil des demandeurs d'asile et en les envoyant à plus de 6.000 kilomètres de Londres, le gouvernement britannique prétend freiner les traversées illégales de la Manche, qui ne cessent d'augmenter malgré les promesses répétées de contrôler l'immigration depuis le Brexit. Plus de 11.000 personnes ont effectué la périlleuse traversée depuis le début de l'année. Malgré la décision de la CEDH, le gouvernement a exprimé sa détermination à poursuivre sa stratégie. Le Home Office a par ailleurs lancé mercredi un projet pilote, sur 12 mois, de surveillance électronique de migrants arrivés au Royaume-Uni par des voies "non nécessaires et dangereuses". Ils devront se présenter régulièrement devant les autorités, pourraient être soumis à un couvre-feu et détenus ou poursuivis s'ils manquent à ces obligations. Selon la BBC samedi, les premiers migrants à être surveillés de cette façon pourraient être des demandeurs d'asile qui auraient dû être à bord du vol avorté vers le Rwanda.
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