"La décision intempestive des autorités sécuritaires d'arrêter, détenir et placer à l'isolement sans justification ces trois salariés est une manoeuvre d'intimidation", a fustigé la Commission électorale indépendante (IEBC) dans un communiqué, en exigeant leur libération immédiate. Arrivés du Venezuela, ces trois salariés de Smartmatic International, entreprise basée à Londres, ont été embauchés en toute légalité pour déployer et gérer le système de vote électronique "appelé à jouer un rôle central" le 9 août, a indiqué la Commission. "Leur arrestation (...) crée inévitablement une entrave au déploiement du système", a-t-elle ajouté. La police kényane a confirmé l'arrestation d'un étranger à l'aéroport international Jomo Kenyatta, avec dans ses bagages des autocollants relatifs à l'élection. Il a été relâché depuis, selon la police. "Son arrestation et la fouille consécutive étaient nécessaire vu la sensibilité du matériel électoral", a justifié un porte-parole de la police kenyane Bruno Shioso. Selon lui, le matériel n'avait pas été déclaré et n'était pas sous la supervision d'un membre de la Commission électorale, comme prévu par la loi. Dans un deuxième communiqué vendredi soir, l'IEBC a demandé la fin du "harcèlement" et la restitution des autocollants ainsi que du matériel électronique saisis auprès des trois salariés. "La police a surtout confisqué tous les articles électroniques, y compris les téléphones portables, les ordinateurs portables et les disques flash en possession dudit personnel, lesquels articles électroniques contiennent des informations importantes et sensibles relatives aux prochaines élections", souligne la commission. "Ledit personnel a été contraint de donner des mots de passe des téléphones et articles confisqués, ce qui constitue une violation de la vie privée", déplore-t-elle. La transmission électronique des résultats des élections est un sujet sensible au Kenya, où 22,1 millions d'électeurs sont appelés aux urnes le 9 août. Le pays a connu plusieurs périodes électorales marquées par des violences meurtrières, notamment ethniques. Des accusations de piratage informatique avait déclenché des émeutes et des pillages en 2017 et la Cour suprême avait ordonné l'organisation d'un nouveau scrutin après des "irrégularités" dans la transmission des résultats. En position d'observateur, l'Union européenne avait constaté que le vote électronique, censé faire gagner en transparence, avait au contraire alimenté des soupçons de fraude dans l'opposition et recommandé que le système soit amélioré en 2022. Locomotive économique de l'Afrique de l'Est, le Kenya doit élire le successeur du président Uhuru Kenyatta, pas autorisé à se représenter. L'actuel vice-président William Ruto, brouillé avec le président sortant, et Raila Odinga, vétéran de l'opposition soutenu par M. Kenyatta, sont les deux principaux candidats pour ce scrutin.
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