"La tragédie du 24 juin a coûté la vie à 27 migrants à cause d'une répression sans précédent des autorités marocaines avec la complicité de leurs homologues espagnoles", a dénoncé Omar Naji, de l'Association marocaine des droits humains (AMDH), lors d'une conférence de presse à Rabat. Selon les autorités marocaines, 23 migrants en situation irrégulière ont péri à la suite de bousculades et de chutes pendant la tentative d'entrée massive dans Melilla. "Il s'agit d'un crime ignoble, résultat de politiques migratoires mortifères", a dénoncé M. Naji, qui présentait un rapport de l'AMDH sur le drame, en soulignant que le bilan de l'association "repose sur des sources dignes de confiance". "La décision d'attaquer violemment les demandeurs d'asile une fois arrivés à la barrière (séparant les territoires marocain et espagnol, ndlr) est sans doute la cause principale derrière le bilan très lourd", est-il écrit dans le rapport. Principale association indépendante de défense des droits humains au Maroc, l'ONG a fustigé "l'usage massif de gaz lacrymogène" par les policiers marocains et espagnols, au moment où les migrants, en majorité des Soudanais, tentaient de pénétrer dans un poste-frontière exigu et fermé ou d'escalader une clôture métallique surmontée de barbelés. Les autorités espagnoles "ont refoulé à chaud une centaine de migrants", selon l'AMDH, qui a fait état de 64 clandestins toujours porté disparus. - Drame le plus meurtrier - Dans un rapport préliminaire, le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) --organisme officiel marocain chargé d'enquêter sur le drame-- a conclu à la mort par "asphyxie mécanique" des migrants, principalement au niveau de la zone tampon du poste-frontière, équipée de tourniquets manuels permettant le passage d'une seule personne à la fois. Son enquête a mis hors de cause les forces de l'ordre marocaines et pointé la responsabilité des autorités espagnoles qui ont maintenu fermé le porte-frontière. Pour l'AMDH, la reprise de la coopération migratoire entre Rabat et Madrid, prix de la réconciliation scellée le 18 mars après un an de brouille diplomatique, fait figure de principale accusée. Elle a donné lieu à une "augmentation" des opérations de ratissage marocaines dans les forêts voisines de Melilla: plus de 30 entre avril et juin 2022 contre 37 pour toute l'année 2021. Si Madrid et Rabat ont dénoncé l'implication de "réseaux de traite criminels" dans le drame du 24 juin, l'AMDH a rejeté ce "nouveau discours de criminalisation" des migrants. Quand ces derniers tentent une traversée terrestre en escaladant des clôtures barbelées, ils "le font sans rien payer, contrairement à ceux qui la tentent par voie maritime", a argué Omar Naji. Mardi, un premier groupe de 33 migrants arrêtés après le drame de Melilla a été condamné à Nador à 11 mois de prison ferme chacun pour "entrée illégale" au Maroc. 29 autres sont poursuivis devant la justice marocaine. Ce drame migratoire est le plus meurtrier jamais survenu lors des nombreuses tentatives de migrants de pénétrer dans Melilla et dans l'enclave espagnole voisine de Ceuta, les deux principales frontières terrestres de l'UE avec le continent africain.
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