Assurant avoir "suffisamment de preuves" de sa victoire, Odinga, figure historique de l'opposition, a contesté lundi devant la Cour Suprême les résultats de l'élection présidentielle qui l'ont donné perdant derrière le vice-président sortant William Ruto. Ce vétéran de la politique, âgé de 77 ans et qui se présentait pour la cinquième fois à la présidentielle et était soutenu par le président sortant Uhuru Kenyatta et son parti, a perdu ce scrutin de quelque 230.000 voix (50,49% contre 48,85%). Dans une déclaration à la Cour, Ruto a affirmé qu'Odinga avait dans le passé "systématiquement contesté les résultats de l'élection présidentielle et fomenté des crises nationales après avoir perdu". Il a accusé l'ancien Premier ministre d'essayer "de retenter sa chance par une nouvelle candidature forcée via des moyens judiciaires". Il est "contre l'intérêt public de garder le pays dans une campagne électorale perpétuelle", a estimé M. Ruto, ajoutant que l'incertitude nuirait encore davantage à l'économie dégradée du Kenya, qui lutte déjà contre une forte inflation. Selon la requête de 72 pages consultée par l'AFP, le camp Odinga affirme notamment que 140.028 bulletins n'ont pas été pris en compte et que "cela affecte sensiblement les résultats finaux dans la mesure où aucun des (...) candidats n'atteint le seuil constitutionnel de 50%+1 voix" pour emporter l'élection au premier tour. Les juges doivent se prononcer sur son recours d'ici le 5 septembre. S'ils ordonnent une annulation du scrutin, une nouvelle élection doit se tenir dans les 60 jours. Odinga avait qualifié de "parodie" les résultats annoncés par la commission électorale (IEBC). Après ses précédentes défaites, il avait déjà déposé des recours en justice, en 2013 et en 2017. En 2017, la Cour suprême avait invalidé la présidentielle en raison d'"irrégularités" et ordonné la tenue d'une nouvelle élection, une première en Afrique. En 2007, Odinga avait également, sans aller devant la justice, refusé le résultat, ce qui avait déclenché la pire crise post-électorale de l'histoire du pays, avec plus de 1.100 morts dans des affrontements inter-ethniques.
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