Selon les derniers résultats officiels diffusés jeudi soir par la commission électorale, après comptage de plus de 97% des suffrages exprimés, l'ancien parti unique, le MPLA, est en tête avec 51,07%.
Le président sortant, Joao Lourenço, 68 ans, est proche d'un second mandat.En Angola, la tête de liste du parti vainqueur aux législatives est investie aux fonctions de chef de l'Etat.
L'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita), le premier parti d'opposition, rassemble pour l'instant 44,05% des voix.
"L'Unita ne reconnaît pas les résultats provisoires de la commission électorale", a déclaré le chef du parti qui a réalisé son propre comptage, Adalberto Costa Junior, lors d'une conférence de presse à Luanda."Le MPLA n'a pas gagné les élections", a-t-il ajouté, appelant à la création d'une commission de vérification.
Les scores définitifs n'avaient toujours pas été annoncés tard dans la soirée.
En 2017, l'opposition avait déjà contesté les résultats. Le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) avait conservé la victoire avec 61% des voix contre 26,67% (Unita).
Des craintes de fraudes avaient été évoquées avant le dernier scrutin, avec un parti au pouvoir qui a la mainmise sur le processus électoral et les médias publics.
Les observateurs de l'Union africaine et de la Communauté de développement de l'Afrique australe ont exprimé vendredi leurs "préoccupations" notamment à propos des listes électorales.
- "Confortable" -
Il s'agit des élections les plus serrées de l'histoire du pays dirigé par le MPLA depuis son indépendance du Portugal en 1975.
"Selon les premiers résultats, nous avons une majorité confortable", a déclaré plus tôt dans la journée à la presse le porte-parole du parti, Rui Falcao. Mais si ces résultats sont confirmés, il s'agirait du score le plus bas jamais enregistré par le MPLA.
Celui-ci perd déjà la majorité des deux tiers au Parlement, qui lui permettait jusqu'ici de passer des lois sans soutien d'un autre parti, avec pour l'instant 124 sièges sur 220.
Quelque 14,4 millions d'électeurs étaient appelés à voter mercredi. Aucun incident n'a été signalé.Huit partis sont en lice.
Sur la promesse de mener des réformes, lutter contre la pauvreté et enrayer la corruption, l'opposition a gagné du terrain. Adalberto Costa Junior, 60 ans, séduit une jeunesse qui rejette l'héritage controversé de l'ancien homme fort à la tête du pays pendant 38 ans, José Eduardo dos Santos.
L'ex chef d'Etat (1979-2017) est accusé d'avoir pillé les richesses du pays au profit de sa famille et ses proches. Il est mort le mois dernier à Barcelone.Il doit être enterré dimanche à Luanda.
- "Gangrène" -
"Sous dos Santos, le peuple s'est appauvri", dénonce Gilson Leopoldo, un comptable de 26 ans de Luanda qui a voté Unita "pour mettre fin au cercle vicieux de la corruption qui gangrène le pays".
Dos Santos a fait de l'Angola, riche en ressources naturelles, l'un des premiers producteurs de pétrole du continent avec le Nigeria.Une manne qui lui a servi à s'enrichir tandis que son pays restait l'un des plus pauvres de la planète.
Contrôlant les institutions, il a verrouillé les médias et maté toute contestation. Devenu l'un des chefs d'Etat africains à la plus grande longévité, il s'est imposé hors des frontières comme un pilier politique dans la région.
Pur produit du parti, Joao Lourenço lui a succédé avec l'étiquette de dauphin.Mais celui-ci a surpris en s'affranchissant du système avec une vigoureuse campagne anticorruption.Il a aussi mené des réformes, saluées à l'étranger, pour sortir l'économie de sa dépendance au pétrole.
Mais beaucoup jugent que cette campagne anticorruption s'est réduite à une chasse aux sorcières contre le clan dos Santos.Et pour une grande partie des 33 millions d'Angolais, les promesses n'ont pas été tenues.Près de la moitié d'entre eux vivaient avec moins de 1,9 dollar par jour en 2020.
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