A la tête du pays de 1979 à 2017, sans avoir jamais été directement élu, l'ancien chef d'Etat est mort le 8 juillet, à 79 ans, dans une clinique de Barcelone.
Ces funérailles nationales à Luanda interviennent quelques jours après des élections législatives disputées, qui doivent décider du prochain chef d'Etat.
Les résultats préliminaires donnent l'avance au parti au pouvoir (MPLA) mais ils sont contestés par l'opposition (Unita).Cinq membres de la commission électorale ont déclaré samedi qu'ils "ne signeraient en principe pas" les résultats définitifs, qui ne sont pas encore communiqués.
Plus d'un millier de personnes étaient présentes sur la place de la République, dans le centre de la capitale, à la cérémonie qui a commencé dans la matinée.Des drapeaux noirs étaient en berne et sur de grandes affiches, le message: "Adieu, ami, président".
Les chefs d'Etat du Portugal, Afrique du Sud, Zimbabwe et RDC sont notamment présents; une douzaine étaient attendus.Le leader de l'Unita, Adalberto Costa Junior, a fait le déplacement.
A la tribune, l'ancien président namibien, Sam Nujoma, a salué un "homme d'État et panafricaniste dévoué".Avant lui, Josiane dos Santos a pleuré son père, rappelant l'amour de l'ancien rebelle marxiste pour la musique.
De nombreux militants du MPLA sont dans les rangs, portant les couleurs du drapeau national, rouge, jaune et noir. "Sa mort laisse un grand vide", a confié à l'AFP, Manuel Kalunga, un fonctionnaire de 57 ans, ajoutant que "son plus grand héritage est la paix".
Dos Santos a mis fin en 2002 à une guerre civile - 500.000 morts en 27 ans - et il est reconnu par ses partisans comme "l'architecte de la paix".Mais dans les rues de Luanda, ils sont nombreux à retenir surtout une ère de corruption.Femme d'affaires, Mariana Quissanga, 42 ans, dit à l'AFP espérer que "sa mort ferme un cycle".
L'ancien président a fait de l'Angola, riche en ressources naturelles, l'un des premiers producteurs de pétrole du continent.Mais il s'est servi de cette manne pour enrichir sa famille, tandis que le reste du pays demeurait l'un des plus pauvres de la planète.
- "Horrible comédie" -
Sa dépouille a été rapatriée la semaine dernière d'Espagne, où dos Santos vivait depuis 2019.Certains de ses enfants étaient opposés à ce rapatriement, craignant une instrumentalisation politique des obsèques dans le contexte électoral.
Sa fille "Tchizé", 44 ans, a dénoncé dimanche sur les réseaux sociaux une "horrible comédie".Son fils, José Filomeno, sous le coup d'une peine de prison pour corruption mais en aménagement de peine, a assisté aux funérailles.
La fille aînée, Isabel, traquée par les juges pour une série d'enquêtes, avait écrit la semaine dernière sur les réseaux sociaux qu'elle ne serait pas présente.
Usé par la maladie, José Eduardo dos Santos avait quitté le pouvoir à presque 75 ans.Celui qui était l'un des chefs d'Etat africains à la plus grande longévité s'était imposé hors des frontières comme un des poids lourds du continent.
Il avait désigné comme successeur Joao Lourenço, 68 ans, élu en 2017.Ce dernier est proche d'obtenir un second mandat mais, si les résultats aux élections de mercredi se confirment, le parti au pouvoir depuis l'indépendance en 1975 enregistrera son plus mauvais score.Le MPLA l'avait emporté haut la main en 2017 avec 61%.
M. Lourenço a lancé une vaste campagne anti-corruption qui a visé les proches de son ancien mentor.Le clan dos Santos a dénoncé une chasse aux sorcières.
Dans un contexte de grandes difficultés économiques, l'opposition a gagné du terrain. Plus de la moitié des 33 millions d'Angolais vivent sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.
Avant son départ, M. dos Santos avait fait voter des lois lui assurant une large immunité judiciaire. Il n'a jamais été inquiété par la justice.
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