"Nous, Burkinabé, jouons un rôle autodestructeur pernicieux (...) en propageant des messages incitant à l'intolérance religieuse et ethnique qui peuvent être sources d'affrontements extrêmement violents", indique une déclaration de Moussa Kouanda, président de la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB), publiée à l'issue d'un séminaire ayant rassemblé à Ouagadougou plus de 700 imams et prêcheurs. La déclaration ajoute que cela "se traduit par des discours haineux et violents, particulièrement dans les médias et (sur) les réseaux dits sociaux". "Dans ces conditions, comment pouvons-nous être unis face à l'adversité? Comment pouvons-nous générer les synergies nécessaires à la construction nationale ?", s'interroge la FAIB en exhortant les populations à "se surpasser pour donner une chance de survie à la nation" qui "vit les jours parmi les plus sombres de son histoire". La FAIB a instruit les imams et prêcheurs à travailler pour "promouvoir la réconciliation nationale et la restauration de la cohésion sociale" et "stimuler une mobilisation générale pour le seul combat qui vaille aujourd'hui: une lutte multiforme et sans relâche pour restaurer l'intégralité de notre territoire, pour le retour de la sécurité et de la paix". Cette déclaration survient après des appels à la haine et au meurtre des Peuls du Burkina Faso, assimilés aux groupes jihadistes armés qui ensanglantent le pays depuis 2015 et dont des membres sont issus de la communauté peule. Des appels lancés sur les réseaux sociaux, principalement WhatsApp, qui font craindre une flambée de violence pouvant aller jusqu'à la guerre civile et qui ont amené le gouvernement issu d'un coup d'Etat en janvier, à les condamner avec fermeté. Notant qu'il "est question d'appels directs et actifs au meurtre, à des tueries de masse, à l'épuration ethnique et à la sédition", le gouvernement estime qu'il faut "agir résolument et fermement avant que l'irréparable ne se produise". Le Burkina Faso, où la communauté musulmane est majoritaire, est confronté à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières attribuées à des groupes jihadistes armés liés à Al Qaïda et à l'Etat islamique. D'abord concentrées dans le nord du pays avant de toucher d'autres régions, ces attaques ont fait depuis 2015 des milliers de morts et quelque deux millions de déplacés dans ce pays où des militaires ont pris le pouvoir en janvier en promettant de faire de la lutte anti-jihadiste leur priorité.
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