Joao Lourenco, le dauphin parvenu à conserver le pouvoir en Angola

Infos. Arrivé au pouvoir avec l'étiquette de successeur désigné de l'ex-homme fort du pays, José Eduardo dos Santos, le président angolais Joao Lourenço a réussi à décrocher un second mandat malgré la popularité en baisse du parti au pouvoir depuis l'indépendance en 1975.

Joao Lourenco, le dauphin parvenu à conserver le pouvoir en Angola
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Luanda (AFP)

Le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA), qui remportait jusque là tous les scrutins haut la main, a enregistré son pire score aux dernières législatives de mercredi avec 51% des suffrages exprimés. 

La victoire serrée de M. Lourenço a été annoncée le lendemain des funérailles nationales de son ancien mentor, décédé en juillet en Espagne.Dès le début de son premier mandat, il lui avait tourné le dos en lançant, à la surprise générale, une vigoureuse campagne anticorruption visant le clan dos Santos, qui dénonce "une chasse aux sorcières". 

Lourenço dirige le MPLA, parti tout puissant depuis l'indépendance en 1975.En 2017, il succède confortablement avec 61% des voix à Dos Santos, l'homme fort pendant 38 ans, accusé d'avoir largement détourné les ressources du pays riche en pétrole au profit de ses proches.

L'ex-général d'artillerie formé en URSS avait promis des réformes radicales mais la pauvreté reste criante, dans un climat d'inflation galopante.

Lourenço "avait promis plus de transparence, moins de corruption.Aujourd'hui, sa gouvernance est perçue comme autoritaire", souligne Borges Nhamirre, de l'Institut d'études de sécurité (ISS) à Pretoria.

Joao Manuel Goncalves Lourenco, originaire de Lobito (ouest), a combattu dans sa jeunesse le Portugal.Après l'indépendance, il participe à l'interminable guerre civile (1975-2002) qui éclate entre le gouvernement du MPLA et les rebelles de l'Unita, aujourd'hui devenu le principal parti d'opposition.

Comme nombre de dirigeants en pleine ascension pendant la décolonisation, il est formé en Union soviétique.Il devient chef politique de la branche armée du MPLA pendant la guerre civile, un conflit de Guerre froide qui voit Cuba soutenir le MPLA alors que des milices soutenues par la CIA le combattent. 

Devenu gouverneur de la province de Moxico (est) dans les années 1980, il gravit rapidement les échelons au sein du MPLA, dirigeant son groupe parlementaire avant de devenir vice-président du Parlement. 

- Pauvreté, inflation, sécheresse -

C'est paradoxalement son ambition qui manque de mettre fin à sa carrière.Ne réussissant pas à cacher son désir de succéder à Dos Santos, au tournant des années 1990-2000, ce dernier le met sur la touche.

Après des années de purgatoire politique, il est sorti d'hibernation et nommé ministre de la Défense en 2014, avant d'être désigné comme successeur de Dos Santos. 

Héritant d'une économie dépendante du pétrole et en récession en 2017, il monte un ambitieux plan de réforme visant à varier les sources de revenus et à privatiser les entreprises publiques. 

"Le problème c'est que la majorité de la population n'a pas bénéficié de ces réformes", estime Marisa Lourenço, analyste politique indépendante basée à Johannesburg.Une grande partie des 33 millions d'Angolais ont du mal à se nourrir, confrontés à l'inflation mais aussi à la pire sécheresse depuis 40 ans. 

Beaucoup jugent désormais la campagne anticorruption comme sélective et politiquement motivée, alimentant les divisions au sein du parti au pouvoir.

La mort de Dos Santos en juillet a encore plombé le président Lourenço, déclenchant une querelle publique avec plusieurs de ses enfants. 

Pourtant, le changement de cap par rapport à l'ancien régime a été salué à l'étranger où sa réputation reste plutôt solide.

M. Lourenco a récemment joué un rôle de médiateur dans des pourparlers entre Kinshasa et Kigali, dans un contexte d'escalade des tensions entre ces voisins. 

Pendant sa dernière campagne, il a notamment promis de nouveaux hôpitaux et de meilleurs transports.

Il est marié à Ana Dias Lourenco, ancienne ministre qui a aussi représenté l'Angola à la Banque mondiale.Ils ont six enfants. 

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