Une juge fédérale a estimé que le maréchal Haftar n'avait pas coopéré avec la justice et qu'il pouvait donc être condamné "par défaut" à verser des dommages et intérêts aux plaignants. Il peut encore faire appel de cette décision et il faudra d'autres audiences pour déterminer le montant des compensations, mais cette décision représente un revers majeur pour le maréchal. "La justice a gagné, Haftar va devoir répondre de ses crimes de guerre", a ainsi estimé Faisal Gill, l'un des avocats à l'origine de la procédure, dans un communiqué transmis à l'AFP. En 2019 et 2020, des familles libyennes avaient porté plainte au civil contre le maréchal Haftar responsable selon eux de la mort de leurs proches, tués dans des bombardements. A la tête de l'autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), "il s'est engagé dans une guerre sans discernement contre la population libyenne: il a tué de nombreux hommes, femmes et enfants dans des bombardements et torturé d'autres civils", écrivaient-ils. Ces familles ont appuyé leur demande sur une loi américaine de 1991, le "Torture Victim Protection Act" qui permet de poursuivre au civil toute personne qui, agissant à titre officiel pour une nation étrangère, a commis des actes de torture et/ou des exécutions extrajudiciaires. La justice américaine avait gelé le dossier avant les élections prévues en décembre 2021 pour ne pas influer sur le scrutin. Comme ces élections n'ont pas eu lieu, l'affaire avait repris, bien que Khalifa Haftar ait tenté, en vain, d'invoquer une immunité de chef d'Etat. Pays pétrolier du nord de l'Afrique, la Libye est plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, et se retrouve minée par les divisions entre l'Est et l'Ouest du pays. Deux gouvernements se disputent le pouvoir: l'un basé à Tripoli et un autre soutenu par le camp du maréchal Khalifa Haftar. Né il y a 78 ans, ce soldat formé en Union soviétique avait pris part au coup d'Etat ayant porté Khadafi au pouvoir en 1969. Engagé dans son armée, il avait été fait prisonnier dans la guerre contre le Tchad, et lâché par le dirigeant. Les Américains étaient parvenus à le libérer de prison lors d'une opération qui reste aujourd'hui encore une énigme, et lui avait accordé l'asile politique. Installé pendant une vingtaine d'années aux Etats-Unis, il avait rejoint l'opposition libyenne et a acquis, selon le Wall Street Journal, plusieurs propriétés valant des millions de dollars.
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