A Bamako, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba doit rencontrer son homologue malien le colonel Assimi Goita, lui aussi arrivé au pouvoir lors d'un coup d'Etat en mai 2021, pour une "visite de travail et d'amitié" de quelques heures. Les deux présidents de transition "vont passer en revue les sujets d'intérêt commun pour les deux pays y compris les problématiques du Sahel", pour "renforcer la collaboration entre les deux pays et mutualiser leurs efforts en vue de relever les défis communs". Le Burkina Faso et le Mali partagent une frontière de 1.000 km, une zone touchée par de nombreuses attaques meurtrières de groupes jihadistes. Fin août, le Burkina Faso et le Niger - également frappé par ces groupes - avaient invité Bamako à "revenir assumer ses responsabilités" dans le cadre d'une coopération sous-régionale dans la lutte antijihadiste. Mi-mai, le Mali avait décidé de se retirer du G5 Sahel et de sa force conjointe, une alliance militaire luttant contre les groupes jihadistes, invoquant une "perte d'autonomie" et "une instrumentalisation" au sein de cette organisation régionale formée avec la Mauritanie, le Tchad, le Burkina et le Niger. Lundi, M. Damiba s'entretiendra avec un autre chef d'Etat voisin, le président ivoirien Alassane Ouattara, selon une source à la présidence burkinabè. Le Burkina et la Côte d'Ivoire partagent une frontière de près de 600 kilomètres et des milliers de réfugiés burkinabè ont fui ces dernières années les attaques jihadistes qui touchent leur pays pour trouver refuge dans le nord de la Côte d'Ivoire, moins frappé par ces violences. Depuis son arrivée au pouvoir, lors d'un putsch le 24 janvier, le lieutenant-colonel Damiba n'a pas fait de déplacement à l'étranger. Le Burkina Faso, où la junte a promis de faire de la lutte anti-jihadiste sa priorité, est confronté comme plusieurs pays voisins à la violence de mouvements armés jihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique, qui y ont fait depuis 2015 des milliers de morts et quelque deux millions de déplacés. Plus de 40% du territoire du Burkina est hors du contrôle de l'Etat, selon des chiffres officiels, et les attaques se sont multipliées depuis le début de l'année.
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