Sur les hauteurs de Koro-Koro, à environ une heure de la capitale Maseru, des hommes enveloppés dans des couvertures traditionnelles de bergers sotho et munis de bâtons ont regardé les agents électoraux se réveiller: ces derniers ont passé la nuit avec le matériel dans le bureau de vote reculé.
"J'espère que ma voix va compter", souffle à l'AFP Paul, un chômeur de 32 ans, qui a marché des kilomètres pour venir déposer son bulletin.Comme beaucoup, dans ce pays montagneux totalement enclavé dans le territoire sud-africain, il travaillait de l'autre côté de la frontière mais la pandémie de Covid a tout emporté.
A Matala, banlieue de la capitale Maseru, quelques dizaines de personnes étaient rassemblées sous un soleil pâle à peine levé. Dans les tentes sur l'herbe faisant office de bureaux de vote, l'équipement est rudimentaire: deux tables en métal et des caisses en plastique scellées en guise d'urnes.
Quelques minutes avant l'ouverture du scrutin, des agents électoraux ont brandi les boîtes devant la petite foule pour montrer qu'elles étaient bien vides.Des observateurs internationaux, stylo en main, ont inspecté les tentes.
- "Ramener l'espoir" -
Une couverture élégamment nouée sur l'épaule, Mekhotak Setsebi, 30 ans, chef d'une petite entreprise de logistique, avoue à l'AFP que les affaires vont mal: "Nous voulons des infrastructures, des routes et des business.Il faut ramener l'espoir dans le pays".
Le Lesotho, indépendant depuis 1966, est un des pays les plus pauvres de la planète.Le chômage est endémique (22,5%) et plus de 30% de la population vit avec moins de 1,90 dollar par jour, selon la Banque mondiale.
Les bureaux seront ouverts jusqu'à 15H00 GMT pour les quelque 1,5 million d'inscrits. Plus de cinquante partis sont en lice.Les résultats définitifs ne devraient pas être annoncés avant la semaine prochaine.
Le paysage politique est dominé par deux mouvements: la Convention de tous les Basothos (ABC) et le Congrès démocratique (DC). Mais aucune organisation n'a remporté de majorité absolue aux derniers scrutins.La monarchie constitutionnelle où le roi, Letsie III, n'a pas de pouvoir exécutif, est dirigée depuis dix ans par des gouvernements de coalition.
"N'importe lequel de ces partis peut l'emporter mais pas avec assez de sièges pour gouverner seul.Une autre coalition est probable et les risques d'instabilité demeurent", explique Motlamelle Kapa, qui enseigne la politique à la National University of Lesotho.
En 2017, seuls 47% des inscrits avaient voté.L'ABC avait gagné 48 sièges sur 120, devant le DC avec 30 députés.
L'actuel Premier ministre, Moeketsi Majoro, 60 ans, en poste seulement depuis 2020, ne brigue pas de mandat.Il a succédé à Thomas Thabane, 83 ans, poussé à la démission et accusé d'avoir commandité le meurtre de sa première femme avec qui il était en procédure de divorce.Les charges ont été abandonnées en juillet.
Candidat de l'ABC majoritaire, Nkaku Kabi, 49 ans, s'est dit confiant dans une victoire "haut la main".Le DC est représenté par Mathibeli Mokhothu.
Mais les partis traditionnels pourraient être surpris par la candidature d'un homme d'affaires, Sam Matekane, 64 ans.Le millionnaire, qui a fait fortune dans les mines de diamants et considéré comme l'homme le plus riche du pays, a expliqué à l'AFP avoir pour ambition de "sauver le pays".
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