"Les allégations sont très souvent tendancieuses, non recoupées, rapportées selon des témoignages non contradictoires, ne s'appuyant sur aucune preuve tangible et souvent faits sous la menace des groupes terroristes", a écrit le ministère des Affaires étrangères dans un document diffusé sur les réseaux sociaux après la publication mercredi d'une note trimestrielle de la mission de l'ONU au Mali (Minusma) sur les droits humains. Cette note impute la mort d'au moins 50 civils à des soldats maliens accompagnés par du "personnel militaire étranger" lors d'une opération menée le 19 avril à Hombori (centre) après l'explosion d'un engin improvisé au passage d'un convoi de l'armée. Différentes sources avaient à l'époque dit à l'AFP qu'un homme tué dans l'explosion était un Russe déployé en opération avec les soldats maliens. Parmi les hommes faits prisonniers, deux sont morts sous la torture et, le 24 avril, un militaire "aurait tué sommairement" 20 autres prisonniers au camp de l'armée malienne à Hombori, dit la Minusma. Au total, les opérations des forces maliennes ont causé la mort de 96 civils au 2e trimestre, sur un total de 317, dont 200 imputables aux groupes jihadistes, dit la Minusma. Ces incriminations "ont pour objectif de ternir l'image des forces maliennes et de les discréditer vis-à-vis des populations et de la communauté internationale", a estimé le ministère malien dans ce qu'il présente comme sa réponse livrée à la Minusma avant la publication de son rapport par cette dernière. Toutes les opérations des forces maliennes "sont conduites dans le strict respect des droits de l'Homme et du droit humanitaire international", ont affirmé les Affaires étrangères maliennes. Les soupçons d'abus donnent "systématiquement" lieu à des enquêtes et des sanctions s'il y a lieu, disent-elles, reprenant l'argumentaire brandi à chaque mise en cause similaire. Les autorités accusent la Minusma de faire sienne la version de la France sur une sombre affaire de cadavres qui a éclaté juste après que les Français eurent quitté la base de Gossi, au nord-est de Hombori. Dans une grande acrimonie entre Bamako et Paris, les colonels au pouvoir au Mali depuis le putsch de 2020 se sont totalement détournés des anciens compagnons d'armes français et se sont tournés vers les Russes. Les Français viennent d'achever leur retrait militaire progressif du Mali après neuf ans d'engagement. Le 19 avril, ils ont rendu aux autorités maliennes la base de Gossi. Le 21 avril a circulé une vidéo prise à l'aide d'un drone et montrant selon l'armée française des mercenaires russes en train d'enterrer des corps près de la base. Le but aurait été d'accuser les Français de laisser un charnier derrière eux. Les autorités maliennes ont accusé en retour les Français d'avoir fabriqué "de toutes pièces" ces images afin d'accuser les soldats maliens d'exactions. La Minusma a fourni une version favorable à la France en déclarant que les dépouilles ensevelies à Gossi avaient été transportées sur place le 20 avril, soit le lendemain de la remise du camp, et "provenaient de Hombori". Les Affaires étrangères maliennes persistent à parler "d'implication probable" des soldats français dans la constitution de ce charnier, qui "existait bien avant la restitution du camp" selon elles. "Cette allégation tendancieuse de la Minusma (...) prouve à suffisance qu'elle se fait le relais de la France", disent-elles.
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