Un laborieux Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) avait entériné samedi la possibilité pour le chef de l'Etat de se présenter à la présidentielle à l'issue de la transition, mais en l'absence d'une très grande partie de l'opposition politique et des principaux groupes armés rebelles, qui dénoncent la perpétuation de la "dynastie Déby" au pouvoir.
Le général de 38 ans avait déjà été proclamé par l'armée président de la République le 20 avril 2021, à la tête d'un Conseil militaire de transition (CMT) de 15 généraux, le jour de l'annonce de la mort de son père Idriss Déby Itno, tué au front contre des rebelles après avoir régné d'une main de fer sur ce vaste pays sahélien 30 années durant.
Lors de la cérémonie d'investiture lundi qui se déroulait au Palais du 15-Janvier à N'Djamena, le président avait troqué son habituel uniforme de général contre un traditionnel boubou tchadien blanc.
Cette "deuxième phase de la transition" doit conduire "au raffermissement de notre démocratie" et le futur gouvernement "s'emploiera corps et âme pour que la volonté du peuple tchadien ne souffre d'aucune entorse", a déclaré M. Déby, ajoutant que "des élections [seraient] organisées dans la transparence et la sérénité pour [...] assurer le retour à l'ordre constitutionnel".
L'investiture s'est déroulée en présence du président du Nigeria, Muhammadu Buhari, de plusieurs ministres d'Afrique de l'Ouest et centrale (Niger, République centrafricaine, République démocratique du Congo), des ambassadeurs de France et de l'Union européenne, mais en l'absence de représentants de l'Union africaine (UA).
- Communauté internationale -
Faisant référence à deux engagements pris par M. Déby quand il avait accédé au pouvoir, l'UA avait exigé le 19 septembre que la junte ne prolonge pas les 18 mois de transition, "et rappelé sans équivoque qu'aucun membre du Conseil militaire de transition ne pourra être candidat aux élections à la fin de la transition".
Sollicitée depuis lors par l'AFP, l'organisation continentale n'a pas réagi aux mesures entérinées par le DNIS.
Lors de son discours d'investiture, M. Déby a demandé à la communauté internationale "d'accompagner le Tchad dans sa quête permanente de sécurité et de stabilité tant à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur de ses frontières, notamment sur les théâtres des opérations de maintien de la paix et de lutte contre le terrorisme".
Le Tchad est régulièrement en proie depuis des décennies à des offensives d'une multitude de groupes rebelles, et demeure un allié stratégique des Occidentaux dans la lutte antijihadiste.
L'Union européenne (UE) avait fait part de sa "préoccupation" concernant les décisions de prolonger la transition et de permettre au général Déby de briguer la présidence, traduisant un embarras de la communauté internationale selon Roland Marchal, chercheur à Sciences Po Paris.
Le conseil militaire ayant été dissous à l'issue du DNIS, M. Déby "devient président de la transition [...] avec la possibilité de décider directement qui est le Premier ministre, de former un gouvernement.Ses pouvoirs vont être élargis et étendus", analyse Enrica Picco, directrice Afrique centrale pour le centre de réflexion International Crisis Group (ICG).
"Mahamat Idriss Déby doit améliorer sa manière de présider.On constate que c'est le même système que celui de l'ancien président (Idriss Déby Itno, son père, NDLR) qui est mis en place", a réagi Hissein Adam, boutiquier à N'Djamena, interrogé par l'AFP.
"On veut qu'il construise des routes, qu'il investisse dans l'agriculture et l'élevage et qu'il accorde une place particulière à l'école car il n'y a pas un développement sans promotion de l'éducation", a affirmé Halimé Ibrahim, la soixantaine.
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