Kenya: des ONG alertent sur les violences faites aux femmes durant les élections

Infos. Attaque verbale, harcèlement et même viols: les femmes ont été victimes de violences durant la campagne électorale au Kenya, alertent deux organisations de défense des droits de l'homme vendredi, à trois jours du scrutin du 9 août.

Kenya: des ONG alertent sur les violences faites aux femmes durant les élections

La campagne "a été entachée de violences visant les femmes" malgré les avertissements et les promesses du gouvernement de s'attaquer au problème, affirment la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) et l'ONG Commission des droits de l'homme du Kenya (KHRC) dans un communiqué. Elles évoquent "plusieurs" cas de viol durant la campagne, dont quatre cas en marge d'un meeting finalement annulé le 19 juin. Le Kenya tient mardi ses élections générales qui verront 22,1 millions d'électeurs désigner leur président, mais aussi leurs parlementaires, gouverneurs et quelque 1.500 élus locaux. Les femmes candidates - dont trois figurent comme colistières de prétendants à la présidence - ont été "confrontées à un langage sexiste et agressif, (...) aux stéréotypes de genre, aux abus sexistes en ligne et au harcèlement sexuel", soulignent les deux organisations. Elles estiment que "ces tactiques sont délibérément utilisées pour empêcher les femmes politiques ou les candidates de participer à la politique". Les élections au Kenya ont à plusieurs reprises donné lieu à des explosions de violences, y compris à caractère sexistes et sexuelles. Lors de la crise post-électorale de 2007-2008 qui avait fait plus de 1.100 morts, au moins 900 personnes avaient été victimes d'agressions sexuelles, notamment des viols collectifs et des actes de castration, selon des associations de défense des droits de l'homme. Lors des violences qui ont suivi le scrutin de 2017, les violences sexuelles contre les femmes et les filles ont été répandues, selon la KHRC, qui a documenté 201 cas de violences sexuelles et sexistes liées aux élections. Plus de la moitié des attaques impliquaient des forces de sécurité et "à ce jour, aucune mesure n'a été prise par le gouvernement pour garantir la justice aux victimes", souligne le communiqué. "L'incapacité du gouvernement à freiner le ciblage des femmes en politique et à tenir les auteurs responsables (...) a permis la répétition des violences", affirme la vice-présidente de la FIDH Sheila Muwanga. Le mois dernier, des experts de l'ONU ont exhorté les autorités kényanes à "veiller à ce que les femmes puissent participer librement au processus électoral sans discrimination, harcèlement ou crainte d'une éventuelle répétition de violences sexuelles et sexistes". En 2020, un tribunal de Nairobi a ordonné au gouvernement d'indemniser quatre femmes victimes de la vague de violences sexuelles qui s'est déroulée après le vote de 2007.

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